Un voyage pour rien, c’est ainsi que pourrait être qualifié le déplacement effectué jeudi à Niamey par une délégation de la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Et pour cause, elle est repartie de la capitale nigérienne quelques heures après son arrivée, sans avoir rencontré ni le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé Mohamed Bazoum.
La délégation conduite par l’ancien président du Nigeria Abdulsalami Abubakar devait initialement présenter au nouvel homme fort du Niger, les exigences de l’organisation régionale pour une sortie de crise dans le pays. Issue qui passerait par le retour à l’ordre constitutionnel notamment.
La junte au pouvoir au Niger est sous le coup d’un ultimatum de la CEDEAO qui expire dimanche.
Mais les militaires nigériens ont annoncé jeudi qu’ils riposteraient « immédiatement » en cas d' »agression ou tentative d’agression » contre leur pays par la CEDEAO. Plusieurs armées ouest-africaines, dont celle du Sénégal, se disent prêtes à intervenir si l’ultimatum n’est pas respecté dimanche.
Mohamed Bazoum sort du silence
Le président déchu s’est exprimé jeudi soir, dans une tribune publiée par le quotidien américain Washington Post. Il a mis en garde contre les conséquences « dévastatrices » du coup d’Etat pour le monde et le Sahel, qui pourrait passer, selon lui, sous l' »influence » de la Russie par le biais du groupe paramilitaire Wagner.
« J’appelle le gouvernement américain et l’ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l’ordre constitutionnel », écrit-il, « à titre d’otage », dans sa première déclaration publique depuis son renversement.