Les réserves de changes, qui permettent d’assurer les importations de biens et services des pays membres, ont drastiquement chuté pour s’établir à 6 642 milliards FCFA (10,84 milliards USD) au 30 avril 2024 contre 7 617,7 milliards FCFA (12,43 milliards USD) à la même période l’année dernière, soit une baisse de 975,8 milliards FCFA (12,8%). C’est ce qui ressort du rapport de politique monétaire de juin 2024 que vient de commettre la BEAC, la Banque centrale commune aux pays de cette région.
Cette dégradation des réserves de changes est le fait d’un “accroissement des besoins en devises de la zone” pour couvrir les importations de marchandises des pays de la région. Or dans le même temps, les entrées de devises, issues des ventes extérieures connaissent une augmentation moins conséquente. Pour preuve, les transferts net hors CEMAC, qui représente la différence entre les transferts entrants et sortants, s’est fortement détérioré. Au Cameroun, cet indicateur est ressorti à -225,9 milliards FCFA contre -164,9 milliards à la même période l’année dernière. En Guinée Équatoriale, il s’est dégradé de 45,8 %, à -79 milliards en avril 2024 de même qu’au Tchad où il est ressorti à -76,3 milliards FCFA contre -54,2 milliards un an plus tôt.
Le gouverneur de la BEAC a récemment tiré la sonnette d’alarme indiquant que ces sorties excessives des devises étaient dues aux importations de carburant. “Aujourd’hui dans la CEMAC, tous les pays importent les produits pétroliers finis. Cela fragilise notre position extérieure. Le Tchad, qui produit du pétrole brut et dispose d’une raffinerie sur place, importe également des produits finis. Nous réglons ces factures en dollars, ce qui nous expose à un risque d’érosion des réserves de change”, a martelé Yvon Sana Bangui lors de la dernière réunion du comité de politique monétaire. Le gouverneur de la banque centrale a également exhorté le Cameroun à restaurer sa raffinerie de pétrole afin d’arrêter la saignée.
Il faut préciser que stabiliser leur monnaie, les pays de la CEMAC (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, RCA, Guinée Équatoriale) doivent détenir des avoirs extérieurs bruts (devises, or, DTS) qui représentent au moins 60 % des engagements à vue de la BEAC, équivalant à au moins trois mois d’importations des biens et services et du service de la dette extérieure. Malgré le repli des réserves le taux de couverture extérieure de la monnaie reste élevé à 73,5 % à fin avril 2024, quoique en baisse par rapport aux 74,9 % enregistré à la même période l’année dernière.
Selon leurs principales composantes, au 30 avril 2024, les réserves de change de la CEMAC sont constituées à 69,1 % des avoirs extérieurs à vue, 23,7 % des autres avoirs extérieurs en devises gérés par la salle des marchés, 4,4 % de l’encaisse or et 2,9 % des avoirs auprès du FMI.
Cédrick JIONGO