A la découverte du Musée national de Guinée

Le Musée national de Guinée est situé dans la commune de Kaloum, précisément dans le quartier Sandervalia. Son histoire  remonte après l’installation, sur le site, de l’explorateur français Aimé Olivier De Sanderval, en 1847 et dont il tient son nom.

Sur les lieux, la case d’habitation et le hangar (qui lui servait de forge à l’explorateur) sont encore perceptibles. Construite en 1897, cette case fut classée monument historique sous la première République, en 1960.

La vaste cour du Musée national de Guinée renferme  des monuments historiques des hommes et des femmes qui ont marqué l’histoire du pays à une époque de son évolution.

La case d’Aimé Olivier de Sanderval est le plus ancien monument. Elle fut construite vers 1897 par l’explorateur français Olivier de Sanderval. Arrivé en Guinée vers 1880, l’explorateur français Aimé Olivier de Sanderval est passé par la voie maritime, notamment par le Rio Nunez, à Boké.

De 1881 à 1887. Il est parti au Fouta en Moyenne Guinée où il a tissé de très bonnes relations avec les communautés de cette localité. Lorsqu’il est arrivé à Conakry, il aurait choisi ces lieux où il bâtira ce monument qui deviendra sa case d’habitation, plus sa forge.

Selon nos informateurs, le soir, il venait passer la nuit dans sa case et retournait le matin dans sa forge. Sur son profil, on nous rapporte qu’Aimé Olivier de Sanderval était à la fois un chercheur, un topographe, un navigateur et un explorateur.

Sa forge, jusqu’à une époque relativement récente, abritait les locaux de l’Agence guinéenne des spectacles. Mais avec les travaux de rénovation et d’extension du Musée national de Guinée, l’administration de l’AGS y est délocalisée.

A cause de ce monument, à la faveur d’une campagne d’assainissement initiée par feu le président Ahmed Sékou Touré, le site a été retenu comme Musée national.

Ensuite, il y a le monument du Dr Noël Ballay, premier gouverneur de la Guinée française. Faut-il rappeler que durant les soixante années de colonisation, le pays a connu vingt-six gouverneurs. Parmi ces vingt-six, l’on en a immortalisé deux,  notamment à travers des monuments. Ce sont : le premier et le dixième.

Le choix de privilégier ces deux hommes a bien sa justification. Parce que ces deux administrateurs coloniaux ont œuvré positivement en Guinée,  nous apprend-on.

Puisque le premier, Dr Noël Ballay, a posé la première pierre du Port autonome de Conakry, urbanisé la ville de Conakry et  construit le premier hôpital, Ignace Deen, qui a fini par prendre le nom d’un médecin béninois, Dr Ignace Deen, dont les efforts sont incommensurables pour le développement de la Médecine en Guinée.

C’est pourquoi à l’accession de la Guinée à l’indépendance, l’hôpital, jusque-là appelé Ballay, a été rebaptisé Ignace Deen.

Dans la même cour, il y a la représentation de Karamoko Ibrahima N’Dama, ce fier peul au visage ascétique, vêtu de boubou. Grand Karamoko et grand waliou, il fut un farouche résistant à la pénétration coloniale, mais aussi un érudit qui était vénéré par tout le Fouta.

Il est présenté comme celui qui a béni le marché Madina qui était très vide à l’époque. Grâce à ses prières et ses bénédictions, ce marché est devenu de nos jours le plus grand centre de négoces du pays.

Selon Siaka Barry, ancien ministre de la Culture, des Sports et du Patrimoine historique, Karamoko Ibrahima N’Dama naquit en 1824 à Himaya et reçut une brillante formation théologique à Touba auprès de Karamoko Koutoubou.

« Son père Thierno Diao fut un irréductible continuateur de la rébellion Hubbu dans le Fouta, après la répression sanglante de ce mouvement dissident par les princes Barry de Timbo en coalition avec l’Almamy Samory Touré en 1884 », note M. Siaka Barry qui ajoute que le royaume de N’Dama, longtemps vassal du grand Diwal de Labé, s’affranchit peu à peu et devient indépendant sous le règne du Waliou de N’Dama qui étendit ses conquêtes sur la basse Casamance jusqu’en Gambie dont il achèvera l’islamisation.

« Le roi de Labé Alpha Yaya Diallo acceptera difficilement cette sécession et n’acceptera jamais que son vassal soit son rival (…). Alors, une lutte à mort sera engagée entre les armées de Labé et les troupes du Badiar, de la Casamance et de la Gambie.

Cette faille dans l’unité du Fouta, sera une aubaine pour l’armée coloniale conduite par le Lieutenant Noirot qui profitera de cette guerre fratricide pour lancer une attaque fulgurante sur le royaume de Thierno Ibrahima.

Le 10 mai 1899, les troupes du Waliou de Gomba, renforcées (selon la légende) par une armée d’abeilles, mirent en déroute les colons français et les pourchassèrent jusqu’aux confins du Sénégal…

Les envahisseurs français, bénéficiant d’une complicité interne, reviendront par surprise en 1901 et attaqueront le camp retranché du vaillant guerrier qui sera arrêté le 8 mai 1901.

Thierno Ibrahima sera déféré à Conakry, où il fondera le quartier de Boussoura qui lui servira de résidence surveillée durant tout son procès. Il sera reconnu coupable de rébellion par l’administration coloniale, condamné à perpétuité en 1902 et deporté avec tous ses fils à Pointe-Noire, au Congo où il mourut la même année des suites de mauvais traitements.

Sa tombe se trouve dans le petit village de Loango au Congo sans aucune attention particulière », selon Siaka Barry. A l’en croire, alors ministre de la Culture et du Patrimoine historique, rapatrier les cendres de Karamoko Ibrahima N’Dama en Guinée a été un combat acharné qu’il a personnellement mené. Hélas, il ne réussira pas ce pari.

A côté, il y a la représentation de la femme du résistant, Nèn Sira, allaitant leur enfant, Amadou Konakiri Diallo. Ils sont entourés de fruits qui étaient très abondants au moment de la colonisation. Notamment la banane, la papaye et l’ananas.

Pour preuve, la Radio nationale s’appelait au départ la Radio Banane, avec pour vocation première de communiquer et d’informer les grandes puissances de la récolte de la banane en Guinée. Au lendemain de l’accession du pays à la souveraineté nationale, on l’a renommée la Radiodiffusion Télévision Guinéenne (RTG).

Au fond, il y a le monument de , un autre résistant à la pénétration coloniale. De l’autre côté, il y a Bocar Biro. Il est originaire de la Moyenne Guinée qui a également résisté à la pénétration coloniale. Il est mort lors d’un combat.

Il y a l’Almamy Samory Touré, né vers 1830 dans la région de la Haute Guinée. Il fut arrêté le 28 septembre 1898 à Guélémou dans l’actuelle Côte d’Ivoire. Il fut déporté au Gabon où il mourut le 2 juin 1900.

Résistant à la pénétration coloniale, le roi de Labé, Alpha Yaya Diallo, a également son effigie dans la cour du Musée national de Guinée. Il fut arrêté à deux reprises. La première arrestation remonte en 1901 à l’issue de laquelle il fut déporté à Dahomey (actuel Bénin). Ensuite, en Mauritanie où il s’éteignit le 10 août 1912, à Nouadhibou.

Le très célèbre Aboubacar Demba Camara y a également sa représentation. Il en est de même pour Sory Kandia Kouyaté, qu’on appelait affectueusement « La voix de l’Afrique », et qui a su marquer son temps et bien au-delà.

Aux Nations-Unies,  au lendemain de l’accession de la Guinée à l’indépendance, c’est lui qui a chanté l’hymne national en Maninka.

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