Juan Branco ou les cendres de la fièvre nationaliste -souverainiste au Sénégal


«Tout peut se soutenir, excepté l’inconséquence», Mirabeau.

L’image est terrifiante. Elle gifle nos mémoires et promène un couteau dans les blessures non lointaines de notre histoire en tant qu’Africains. C’est en effet ce que donne à vivre, même de loin, le déroulé de la conférence de presse du 22 juin 2023 à Paris, de l’avocat français Juan Branco, seul à la tribune, se refusant à tout partage du présidium dans sa quête égoïste de notoriété individuelle difficile à trouver dans son pays et sa prétention jupitérienne à donner des leçons à des Africains qu’il estime n’être dignes que d’en recevoir. Même la délégation politique ayant fait le déplacement de Dakar pour estampiller d’un semblant de sceau symbolique les images et les récriminations contre le gouvernement du Sénégal, a été refoulée aux confins de la figuration passive, au modeste échelon de spectateurs devant les gesticulations solitaires et injurieuses d’un étranger contre son propre pays.
De la masse de gens avertis, convaincus que cette histoire de CPI/gouvernement du Sénégal est
une farce grotesque, figure en tête Juan Branco lui-même. Toutefois, le recours à ce manœuvrier peu habile porte un intérêt majeur : celui d’avoir fait tomber les masques dans le jeu sociopolitique au Sénégal. En effet, ceux qui ont vainement fait alliance avec cet avocat français pour trainer leur pays dans la boue de l’histoire et aux pieds des forces étrangères de destabilisation, sans mobile autre que leur volonté de conquérir le pouvoir par la manipulation, cultivent pourtant leur envergure de personnalités publiques de notre pays dans les sillons du nationalisme-souverainisme.
Ils ont surfé sur les vagues de la fièvre nationaliste-souverainiste qui a saisi le monde après la crise des subprimes de 2008 aux Etats-Unis et celle des dettes souveraines européennes des années.

Par-delà les conséquences économiques d’ampleur, cette résurgence de dérèglements financiers n’a pas été sans corolaire politique international, avec notamment la montée en puissance des extrêmes qui sont d’ailleurs parvenus à arriver au pouvoir dans certains pays, le Sénégal se tenant encore et bien heureusement en forteresse politique de raison devant ces vents fous du populisme.
Pour finir, la bénédiction de l’étranger et des institutions étrangères comme intervenants dans le débat national, par ceux-là mêmes qui se sont fait une célébrité à les honnir en tant qu’origine de nos problèmes, révèle l’absence de conviction et de sincérité dans la posture nationaliste-souverainiste
incarnée et vendue à l’opinion par eux. Ainsi donc s’essouffle et meurt cette posture au sommet d’une montagne d’inconséquences, comme, du reste, sa jumelle dite antisystème qui, elle aussi, a vécu.

Ahmadou Lamine TOURE, un citoyen sénégalais inquiet

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