L’avenir des enfants de 2050 «en péril», alerte l’Unicef

«Les enfants font face à une multitude de crises, des chocs climatiques aux risques en ligne, et ces menaces devraient s’amplifier dans les années à venir», met en garde mardi Catherine Russell, directrice générale de l’agence onusienne chargée de l’enfance.

«Des décennies de progrès, en particulier pour les filles, sont en péril», poursuit-elle dans un communiqué à l’occasion de la publication du rapport phare de l’Unicef qui aborde tous les ans un thème différent.

Cette année, l’Unicef se projette en 2050, identifiant trois «grandes tendances» qui — en plus des conflits difficiles à prédire — menacent «gravement» les enfants si les décisions nécessaires ne sont pas prises à temps.

D’abord le défi démographique. Au milieu du siècle, le nombre d’enfants (moins de 18 ans) devrait être assez similaire à celui d’aujourd’hui, autour de 2,3 milliards, mais avec une population mondiale qui aura largement augmenté, autour des 10 milliards.

Malgré le déclin de la proportion d’enfants dans toutes les régions, leur nombre va exploser dans certaines zones les plus pauvres, notamment en Afrique subsaharienne. Un potentiel pour «booster» l’économie, mais seulement si des mesures sont prises en amont pour s’assurer que cette armée de jeunes aura accès à une éducation de qualité, des services de santé et des emplois, note l’Unicef.

Dans certains pays les plus développés, les enfants pourraient représenter moins de 10% de la population, posant la question de leur «visibilité» et de leurs droits dans des sociétés qui se concentreront sur les problèmes des populations vieillissantes.

Autre menace, le changement climatique et ses impacts de plus en plus dévastateurs.

«Imaginez un avenir où le changement climatique et les conditions difficiles forcent les écoles à passer en mode nuit, à cause des conditions insupportables pendant la journée», dit Mamadou Doucouré, Malien de 24 ans. Ses propos font partie des multiples voix de jeunes qui parsèment le rapport, interrogés par l’Unicef à travers le monde.

Décisions pour «survivre»

Si la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre se poursuit, environ 8 fois plus d’enfants devraient être exposés à des canicules en 2050 par rapport à 2000, 3,1 fois plus pour les inondations extrêmes ou encore 1,7 fois plus pour les incendies, projette l’Unicef.

Troisième des «grandes tendances» mises en avant: les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, dont la maitrise sera sans doute un pré-requis pour le parcours éducatif et une grande partie des emplois du futur.

Mais la fracture numérique est toujours béante, avec aujourd’hui 95% de la population connectée à internet dans les pays riches, contre seulement 26% dans les plus pauvres, notamment en l’absence d’accès à l’électricité, à un réseau ou à un téléphone ou ordinateur.

«Echouer à lever ces obstacles pour les enfants dans ces pays, en particulier ceux vivant dans les foyers les plus pauvres, fera prendre encore plus de retard à une génération déjà désavantagée», insiste l’Unicef.

Mais être connecté peut aussi être un danger. L’explosion des nouvelles technologies sans garde-fou est une menace pour les enfants et leurs données personnelles, les exposant notamment aux prédateurs sexuels.

Certes, «il y a beaucoup de risques pour les enfants du futur, mais ce que nous avons voulu démontrer, c’est que les solutions sont dans les mains des décideurs actuels», explique à l’AFP Cécile Aptel, directrice adjointe de la division recherche de l’Unicef. «La bonne direction ce sera une direction qui permettra aux enfants de survivre et de vivre le mieux possible en 2050″.Le rapport explore ainsi plusieurs scénarios selon les investissements qui seront engagés pour le développement ou la lutte contre le réchauffement.

Par exemple, si rien ne change, certains progrès sont attendus en matière d’accès à l’éducation primaire ou d’écart d’éducation entre garçons et filles. Mais dans le scénario le plus optimiste, tous les enfants pourraient dans les années 2050 bénéficier d’une éducation primaire et secondaire, et l’écart garçons-filles disparaitrait dans toutes les régions.

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