Processus de Transition : le médiateur de la Cedeao loue les efforts des autorités maliennes

Après avoir rencontré différents acteurs, Goodluck Jonathan et sa délégation ont apprécié les réformes politiques et électorales engagées pour le retour à l’ordre constitutionnel au Mali 

Le médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Mali, Goodluck Jonathan, a successivement rencontré, hier,  les membres de l’Autorité indépendante de gestion des  élections (Aige), le Comité technique de suivi du chronogramme des réformes politiques et électorales ainsi que la classe politique. L’hôte de marque était accompagné du représentant résidant de la Cedeao au Mali, Mario Gomès Fernandes,  celui de la Minusma, El Ghassim Wane, du conseiller spécial du haut représentant de l’Union africaine (UA)  dans notre pays,  Zeneth Fulgence.
La mission de la Cedeao était venue prendre connaissance des tâches assignées à l’Aige et voir dans  quelles mesures l’organisation sous-régionale peut apporter son expertise dans l’organisation des élections générales. Le président de l’Aige a fait la genèse de sa structure  en commençant par sa création,  la nomination de ses  membres, leur prestation de serment  à la Cour suprême et leur installation officielle.

En parlant du budget des élections, Me Moustapha  Cissé a laissé entendre qu’il doit s’entretenir  très prochainement avec les services  du ministère de l’économie et des Finances  pour faire des arbitrages à ce sujet. Selon lui,  d’ici le début de la semaine à venir  ce débat sera terminé pour savoir exactement le montant mis à la disposition de son service pour assurer  sa mission.

Il  a rappelé  à ses interlocuteurs  que la loi électorale, notamment  dans son article 5 prévoit  que son  service bénéficie de l’appui du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. «C’est nous qui organisons et gérons le processus électoral de bout en bout»,  a rappelé  Me Cissé, ajoutant que l’administration ne vient qu’en appui. De son avis, qui dit appui, dit collaboration.
Abordant le sujet de la carte biométrique,  le patron  du Collège a fait savoir la relecture de la loi électorale pour prendre en compte ce volet. «Nous avons donné  nos positions à propos de certains éléments d’innovation qui sont en train d’être introduits dans le processus », a indiqué  Moustapha Cissé, précisant qu’il s’agit de  la carte d’identité nationale biométrique qui va servir de carte d’électeur. Ainsi, il  a estimé   que si la décision politique est prise et traduite en acte  son  instance appliquera.

«Nous serons à même de faire en sorte que  le fichier électoral puisse prendre en compte cette disposition nouvelle», a fait remarquer  le premier responsable  de ladite Autorité. La gestion des  réfugiés et des déplacés, a-t-il soutenu, constitue un souci de préoccupation nationale puisque la mission et le mandat  que nous avons c’est de conduire un processus inclusif. «Nous devons faire en sorte qu’aucun Malien  ne puisse être privé de son droit au vote. C’est un droit constitutionnel qu’il faut  sauvegarder »,  a insisté le président de  l’organe indépendant.  

DES PROGRÈS- Pour sa part, Goodluck Jonathan s’est dit heureux  d’échanger avec les membres de l’Aige. «Aucune  contestation n’a  été émise  contre  la sélection des membres de l’Autorité indépendante», a noté  l’émissaire de la Cedeao. Il a félicité le gouvernement pour la mise en place de cet organe unique de gestion des  élections. En parlant d’élections, le visiteur du jour a dit que cette mise en place  permettra au Mali d’avoir une gouvernance politique stable. «La plupart des élections conduisent à des contestations  et à des manifestations », a invité Goodluck Jonathan à la prudence, qui n’a pas manqué  de rappeler les soubresauts des  élections législatives de 2020 organisées dans  notre pays. 
Lors  de la séance de travail qu’il a eue avec le Comité technique  de suivi du chronogramme des réformes politiques et électorales au sein du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Goodluck Jonathan a  noté des progrès dans l’état d’exécution des  activités. Il a souhaité que les autorités  de la Transition maintiennent cet élan afin que le prochain régime issu des urnes puisse mener ses activités dans le calme. L’hôte du Mali  a plaidé  pour le soutien de la communauté internationale en terme  de financement des différents scrutins.
Le ministre d’état, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga a dit  que cette rencontre est un cadre privilégié pour mieux évaluer l’exécution du chronogramme et échanger sur les difficultés de mise en œuvre en vue de donner les nouvelles orientations pour les actions futures. Ce faisant, il a soutenu que la recherche du consensus et l’inclusivité sont des facteurs qui peuvent jouer sur le délai.  Il  reste persuadé que la dynamique enclenchée est de réussir la mise en œuvre des réformes politiques majeures et l’organisation d’élections transparentes, crédibles, justes et apaisées afin d’éviter les crises post-électorales. Se prononçant sur la nouvelle Constitution, le ministre de la Refondation de l’état, chargé des Relations avec les institutions Ibrahim Ikassa Maïga est on ne peut plus clair : « Toutes les Constitutions (1960, 1974, 1992)  du Mali ont été adoptées pendant la Transition ».  Et son collègue des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop a mis l’accent sur l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger. 

Selon lui,  le gouvernement a respecté tous ses engagements par   rapport au cessez-le feu. Il a réitéré l’attachement des autorités maliennes à la paix. Le chef de la diplomatie malienne a indiqué qu’il n’est pas opportun d’aller se réunir ailleurs pour discuter entre  frères. « Nous ne sommes pas en belligérance», a-t-il fait savoir. Acte concret de la bonne foi de nos autorités est la création d’une seconde chambre, a martelé  le ministre Diop. Quant à Mme Fatoumata Sekou Dicko,  ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et institutionnelles, elle a souligné la nécessité  de la relecture de la loi électorale.
Il ressort de l’exposé du conseiller technique du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation  Brahima Coulibaly que de juillet 2022 à février 2023, 17 activités ont été réalisées sur une prévision de 29 soit un taux d’exécution de 58, 62%.
Après avoir rencontré la classe politique au Centre de formation des collectivités territoriales, Goodluck Jonathan a été ensuite reçu à Koulouba par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Aujourd’hui, sa délégation est attendue à la Cour constitutionnelle et au Conseil national de Transition (CNT).


Namory KOUYATÉ

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