Petit à petit, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) se met en place. Après le lancement le 7 octobre dernier à Accra de l’«initiative de commerce guidé», à travers laquelle 7 pays -Ghana, Cameroun, Rwanda, Kenya, Maurice, Egypte et Tanzanie- ont décidé d’entamer des échanges commerciaux à des tarifs préférentiels sur 96 produits (pharmacie, alimentaire, sidérurgie…), ce fut au tour de la plateforme Africa Trade Exchange (ATEX) d’entr en phase d’opérationnalisation active cette semaine. Ce qui marque un tournant vers la concrétisation de l’ambitieux projet de marché commun africain réunissant plus de 1,3 milliard de consommateurs.
Pour rappel, la plateforme interentreprises (B2B) et intergouvernementale (B2G) ATEX, développée par la Commission économique africaine (CEA) et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), en partenariat avec la Commission de l’Union africaine et le secrétariat de la ZLECAF, vise à mettre en relation les fournisseurs et les acheteurs africains. Selon les dernières données, elle compte 134 fournisseurs, dont 104 entreprises africaines, et 249 acheteurs africains. Les autres fournisseurs africains sont exhortés à s’enregistrer sur la plateforme, comme l’a fait savoir Hanan Morsy, secrétaire exécutive adjointe et économiste en chef de la CEA.
La plateforme ATEX offre plus de visibilité aux opérateurs économiques africains et devrait contribuer à accroître les échanges commerciaux intra-africains, qui s’établissent actuellement à seulement 16%. Parmi les produits qui peuvent faire l’objet d’échanges via cette plateforme figurent, entre autres, les engrais (phosphates, urée, NPK…), les produits agricoles (café, graines, oléagineux, blé, maïs, riz…), les produits alimentaires transformés (pâtes, produits en vrac…) et des produits industriels (matériaux de construction, produits chimiques et produits pétroliers).
Il s’agit ainsi de produits essentiels dont les pays africains sont aussi des producteurs et des importateurs et qui peuvent s’échanger plus facilement via cette plateforme à des prix plus abordables, et ce, grâce à des coûts de transaction réduits. Et pour les pays qui ont déjà entamé les échanges dans le cadre de la ZLECAF, les tarifs préférentiels devraient rendre les prix des produits beaucoup plus abordables.
En somme, les problèmes liés aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement lors de la pandémie du Covid-19 et le conflit russo-ukrainien ont particulièrement affecté les pays africains. En réponse, ces derniers doivent accélérer la mise en place de ce marché commun dont les retombées seront indéniables sur la transformation des économies africaines et la réduction de leur dépendance vis-à-vis des marchés internationaux.
La mise en œuvre complète de la ZLECAF devrait renforcer le commerce intra-africain à environ 40% à l’horizon 2045, contre 16% actuellement, avec des gains très significatifs en ce qui concerne notamment le secteur agro-alimentaire sous-exploité et connaissant une faible transformation industrielle.