Burundi : les massacres de 1972 toujours dans les mémoires

Les massacres de 1972 sont encore très présents dans la mémoire collective du Burundi. Entre 100 000 et 300 000 personnes ont trouvé la mort lors de ces événements.

Laetitia Ngendakumana n’avait que 10 ans lorsque son père a été arrêté à Bujumbura. Près d’un demi-siècle après sa mort, elle a pu identifier son corps grâce à ses quatre dentiers en or.

 » Nous n’avons jamais su où mon père a été emmené, ce que je sais, c’est qu’ils ont pris nos terres, ils ont pillé tout ce que nous avions. Nous avons vécu une vie misérable et nous avons dû retourner à l’intérieur du pays. », explique Laetitia Ngendakumana.

Le père de Laetitia était un banquier de haut rang et un Hutu vivant à Bujumbura.

Le gouvernement burundais a créé la Commission vérité et réconciliation, pour enquêter sur les massacres interethniques.

Depuis 2019, la CVR exhume des fosses communes dans tout le pays, en s’appuyant sur les témoignages pour les localiser. Permettant à certaines familles de retrouver les restes de leurs défunts.

Rien que dans la capitale politique Gitega, la CVR affirme avoir retrouvé près de 7 000 victimes après l’exhumation de neuf fosses communes.

En décembre dernier, elle a déclaré que les massacres constituaient un génocide.

« Quand nous disons aujourd’hui que c’est un génocide commis contre la population d’ethnie hutue au Burundi, c’est un génocide parce que l’État a planifié, organisé, exécuté ce génocide, parce que les ressources de l’État ont été utilisées. », explique, Pierre-Claver Ndayicariye, président de la Commission vérité et réconciliation.

Mais la version est loin de faire l’unanimité. Les attaques d’extrémistes hutus contre des Tutsis débutées le 29 avril 1972 ont provoqué des représailles qui se sont rapidement transformées en massacres de l’élite hutue.

« Il faut reconnaître qu’au Burundi, le conflit ethnique est un thème constant qui est exploité à outrance. A l’époque où les Tutsis étaient au pouvoir, l’idée d’une menace hutue était un thème constant alors qu’aujourd’hui, c’est l’inverse, c’est l’idée d’une menace tutsie, qui est aussi un thème constant. », explique Evariste Ngayimpenda, recteur de l’Université du Lac Tanganyika.

Mais il est reproché à la Commission vérité et réconciliation, d’avoir concentré ses recherches uniquement sur les victimes Hutus, oubliant les Tutsis.

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