Sénégal : des ONG exigent “une enquête indépendante” sur la mort de François Mancabou

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) et Amnesty international Sénégal (AIS) ont exigé, jeudi, l’ouverture d’une enquête indépendante pour élucider le décès en détention de François Mancabou.

Dans un communiqué reçu jeudi soir à l’APS, les trois ONG ’’exigent l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur les réelles circonstances du décès de François Mancabou’’ et ’’demandent au procureur général de la République d’ordonner rapidement l’autopsie’’.
Elles rappellent aux autorités sénégalaises que la Convention des Nations Unies contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ’’fait obligation aux Etats parties d’ouvrir sans délai une enquête indépendante et impartiale en cas d’allégation de torture’’.
Arrêté le 17 juin 2022, jour de la manifestation interdite de la Coalition Yewwi Askan Wi, François Mancabou présenté comme membre d’un groupe dit ’’Force spéciale’’ a été placé en garde-à-vue à la Sûreté urbaine de Dakar.
’’Il a été transféré à l’Hôpital Principal de Dakar le 23 juin 2022 dans un état de santé préoccupant’’, indiquent les ONG de défense des Droits de l’homme.
Selon elles, François Mancabou ’’aurait déclaré à ses proches avoir subi des actes de torture et de mauvais traitements. Sa famille comme ses avocats avaient demandé l’assistance du médecin de famille mais les autorités policières et médicales ont opposé de nombreux obstacles à cette demande’’.
Elles précisent que ’’la victime n’a pas été inculpée ni placée sous mandat de dépôt et a rendu l’âme en étant encore entre les mains des autorités policières’’.
Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar dit avoir instruit la Division des investigations criminelles (DIC) d’ouvrir ’’une enquête diligente, exhaustive et rigoureuse’’ afin de déterminer les causes et circonstances exactes du décès de François Mancabou.

Dans cette affaire dite ’’Force spéciale’’, le procureur a indiqué que les autres mis en cause, au total 10 personnes, ont été déférées et inculpées ’’sur la base de charges réelles de complot contre l’autorité de l’Etat, d’actes de nature à occasionner des troubles politiques graves et à compromettre la sécurité publique, d’association de malfaiteurs, destruction de biens appartenant à l’Etat ou intéressant la chose publique, détention et transport de substances et produits incendiaires, détention d’armes en rapport avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme et complicité’’.
En revanche, a-t-il précisé, François Mancabou n’a pas été déféré.
Il a déclaré que ’’selon les renseignements reçus et que l’enquête aura à charge d’élucider’’, M. Mancabou, ’’contrairement aux autres inculpés qui avaient gardé le calme et la sérénité durant toute la phase de garde à vue, a violemment cogné le mur et les grilles de la cellule de rétention sans que l’on sache réellement ses motivations’’.
Selon le procureur, ’’les enquêteurs disposent d’images vidéo de 13 mn qui seront versées dans la procédure’’.
’’Tous les incidents qui ont débouché sur cette issue fatale’’ seront versés dans la procédure de l’enquête afin de déterminer les causes et circonstances exactes du décès de François Mancabou, a déclaré Amady Diouf.

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