Rwanda : accusé de viol, un opposant de Paul Kagamé acquitté après 17 mois de détention  

Une figure de l’opposition au Rwanda, Christopher Kayumba, a été acquitté mercredi à Kigali après avoir été accusé de viol et détenu pendant 17 mois.

Ce professeur d’université de 49 ans avait été arrêté en septembre 2021 puis inculpé de viol et complicité de viol après des accusations formulées à son encontre par plusieurs personnes, dont une ancienne de ses élèves à l’université, selon le Bureau d’enquête du Rwanda.

M. Kayumba, qui a créé un journal en ligne appelé « The Chronicles », avait lancé en mars 2021 un parti politique en opposition au président Paul Kagame. Peu après, de premières accusations de viol, qu’il avait contestées, avaient émergé sur les réseaux sociaux.

Mercredi, un tribunal de Kigali l’a acquitté de toutes les accusations, jugeant « insuffisantes » les preuves présentées. « La Cour déclare Mr Kayumba non coupable de tous les chefs d’accusation et ordonne sa libération immédiate », a déclaré le tribunal.

Le ministère public avait requis une peine de 10 ans de prison à l’encontre de M. Kayumba. Ce dernier était absent lors de l’énoncé du verdict.

Grève de la faim

En 2021, M. Kayumba avait mené une grève de la faim durant 11 jours pour protester contre ces accusations, « politiquement motivées », selon lui. Il y avait mis fin après 11 jours en raison d’un « état diabétique qui s’était rapidement détérioré et mettait sa vie en danger », avait expliqué son avocat.

L’opposant avait déjà été arrêté en décembre 2019, et condamné à un an de prison pour « trouble à l’ordre public », les autorités assurant qu’il s’était présenté à l’aéroport de Kigali en retard pour un vol pour Nairobi et en état d’ébriété, et qu’il avait menacé de « faire fermer l’aéroport ».

L’an dernier, un recruteur au sein du parti de M. Kayumba a été condamné à 10 ans de prison après avoir été accusé d’avoir constitué une organisation criminelle.

Depuis la fin du génocide de 1994, qui a fait au moins 800 000 morts principalement tutsi, le Rwanda est dirigé d’une main de fer par Paul Kagame. Loué pour les succès de sa politique de développement, le président est en revanche critiqué par les organisations de défense des droits humains pour sa répression notamment de la liberté d’expression.

Le pays est classé au 136e rang sur 180 pays pour la liberté de la presse par Reporters sans Frontières(RSF). Ces dix dernières années, les médias indépendants se sont raréfiés, réprimés par le pouvoir, y compris ceux en ligne.

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