L’Égypte est confrontée à une baisse continue de ses réserves en devises sous l’effet d’une conjoncture économique mondiale difficile et qui risque de se détériorer encore plus à cause de la crise Israël-Palestine. Afin de faire face à une situation qui perdure malgré les bonnes performances des leviers contributeurs -tourisme, canal de Suez, exportations et transferts de la diaspora-, les autorités du Caire ont une fois de plus sollicité les pays du Golfe pour de nouveaux dépôts auprès de la Banque centrale d’Egypte.
Selon les médias égyptiens, le pays est sur le point d’obtenir de nouveaux dépôts auprès de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis pour renforcer le niveau des réserves en devises du pays qui s’élèvent, à fin septembre 2023, à 35 milliards de dollars.
Le pays souhaite également renforcer ses réserves en devises afin de maintenir un rating à même de lui permettre de lever des liquidités sur le marché international dans de meilleures conditions.
Reste que le niveau de ces réserves est un peu trompeur. Sur les 35 milliards de dollars, presque 30 milliards de dollars sont constitués de dépôts effectués auprès de la Banque centrale d’Egypte par des pays arabes dont l’Arabie saoudite (10,3 milliards), les Emirats arabes unis (10,7 milliards), le Qatar (4 milliards), la Libye (0,9 milliard)…
Le dépôt en cours de négociation devrait renforcer la part des dépôts des pays arabes au niveau de la Banque centrale d’Egypte et améliorer en même temps le niveau des réserves de change du pays laminées au cours de ces dernières années par des projets pharaoniques très capitalistiques dont la construction de la nouvelle ville administrative et tant d’autres projets d’infrastructures. A ces facteurs s’ajoute la hausse des importations à cause de la flambée des cours de certains produits agricoles dont le blé. L’Egypte est, en effet, le premier importateur mondial de cette céréale avec 13 millions de tonnes acquises annuellement à l’étranger.
En plus, les réserves de changes sont absorbées par un service de dette colossal. En effet, la dette extérieure de l’Egypte s’est élevée à 165,4 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre de l’exercice 2022-2023. Et le pays a remboursé 24,5 milliards de dollars de dette extérieure en 2022 et 21,8 milliards de dollars l’année précédente. Et les remboursements au titre de la période 2023-2023 seront beaucoup plus importants.
Face à cette situation, le Caire souhaite que le dépôt de 5 milliards de dollars en cours de négociation avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis soit transformé en investissements sur plusieurs années.
Parallèlement, l’Egypte compte démarrer des pourparlers avec la Chine, un de ses principaux créanciers avec qui elle a signé un protocole d’accord dans ce sens. Grâce à cet échange, une partie de la dette contractée auprès de la Chine sera convertie pour financer des projets de développement durable convenus entre les deux parties
Par Karim Zeidane