La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), près d’une semaine après sa mission de haut de niveau dépêchée auprès des autorités maliennes dans l’affaire des 46 militaires ivoiriens, garde toujours un silence de mort. L’organisation régionale, après avoir fait passer Bamako du statut de victime à celui de bourreau, a-t-il su toute la vérité dans la présence de ces militaires ivoiriens au Mali ? En tout cas, son silence en dit long.
L’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali le 10 juillet dernier et qualifiés de « mercenaires » par Bamako continue d’effrayer la chronique. La Cedeao qui avait déjà pris position en faveur de la Côte d’Ivoire reste jusque-là silencieuse après sa mission de haut niveau à Bamako.
En effet, lors de son sommet extraordinaire tenu aux Etats-Unis, la Cedeao a dénoncé « l’incarcération » des 46 militaires ivoiriens au Mali et a demandé leur libération immédiate. Une décision qui, selon les autorités de la transition, fait passer le Mali du statut de victime à celui de bourreau. Une position qui avait été dénoncée par le Premier ministre par intérim du Mali dans son allocution au siège des Nations Unies.
Après ce clash, la délégation de la Cedeao, composée de Adama Barrow de la Gambie et Nana Akufo-Addo du Ghana, du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, et du médiateur de la Cedeao pour le Mali, Goodluck Jonathan, a été reçue à Bamako jeudi dernier.
En tout cas, même si le président de la transition a réitéré la disponibilité du Mali, rien n’a filtré de cette rencontre. « J’ai accueilli les présidents Nana Akufo du Ghana et Barrow de la Gambie pour des échanges francs et sincères sur des questions d’intérêts régionaux », a écrit le président de la Transition du Mali sur son compte twitter, avant d’ajouter : « Attaché à sa souveraineté, le Mali reste ouvert au dialogue ».
La Cedeao est-elle venue supplier le Mali pour la libération des 46 militaires ? Va-t-elle demander à la Côte d’Ivoire de respecter les exigences du Mali ? La mission de haut niveau a-t-elle convenu de quelque chose avec les autorités maliennes ? Telles sont, entre autres, les questions que se posent bon nombre de citoyens.
Ce qui est sûr, c’est que le Mali avait déjà annoncé ses conditions avec l’arrivée de cette délégation. Dans une interview accordée à la VOA, Diop a déclaré : « Nous allons les écouter. Nous avons dit depuis le début que tout ce que le Mali veut, c’est chercher les voies et moyens pour trouver un terrain d’attente entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Mais si c’est pour imposer des décisions au Mali, cela ne passera pas ».
B. Guindo