France : nommé Premier ministre, Michel Barnier pour sortir de l’impasse

Donc, après un suspens Hitchcockien, Emmanuel Macron a délivré la France de ses attentes en nommant une vieille figure de la vie politique française, Michel Barnier, âgé de 73 ans et qui avait marqué la mémoire politique des Français en étant le grand négociateur français pendant le Brexit. 

En choisissant Barnier, Macron mise sur l’expérience et les capacités de l’homme à générer l’indispensable consensus qui garantirait la stabilité institutionnelle voulue par le président de la République.

Michel Barnier est venu clore un long processus politique produit par la dissolution de l’Assemblée Nationale. Plusieurs dizaines de jours après les résultats des législatives anticipées, la France entière était suspendue à la décision d’Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre pour succéder à Gabriel Attal. Le feuilleton de la nomination du nouveau maître de Matignon était devenu à la fois omniprésent et imprévisible qu’il enferme la chronique française dans une tension permanente.

En maître des horloges comme il aime se présenter, Emmanuel Macron tentait de maîtriser le tempo de ces changements. C’est lui qui avait choisi le timing de la dissolution et c’est lui qui a choisi le de dévoiler le nom du futur Premier ministre. C’est fait ce 5 septembre en la personne de Michel Barnier.

Entre temps, Macron avait opposé une refus indifférent à la proposition faite par la nouveau front populaire (NFP) en la personne Lucie Castets. D’abord en évoquant en premier lieu l’instabilité institutionnelle que cela implique au vu des forces politiques qui ont brandi l’arme de la censure. Ensuite en évoquant le programme économique de cette gauche irréalisable puisqu’il aspire à démanteler le bilan des années Macron à l’Elysée.

En attendant la nomination de Michel Barnier, Emmanuel Macron avait entamé une série de consultations, si larges et si inclusives que les conditions de leurs tenues soulignaient la gravité du moment. Ce qui en d’autres circonstances aurait pu se passer sans anicroche était devenu une mission herculéenne. De nombreux noms ont été jetés en pâture à la presse avant d’être démagnétisés l’instant d’après. Ce qui dans la communication politique de crise actuelle montre une stratégie effrénée des ballons d’essai.

Un des noms qui a occupé les estrades est celui de Bernard Cazeneuve, le dernier premier ministre de l’ère François Hollande. Cette période incarnait les échecs multiples qui ont permis d’enfanter le macronisme triomphant. Qu’Emmanuel Macron soit dans l’obligation de recourir aux ressources humaines de François Hollande, son challenger le plus acerbe, en dit long sur le rétrécissement de ses ambitions et l’impasse de sa stratégie.

Le second nom qui circulaient était celui de Xavier Bertrand, un républicain président de la région Hauts de France. Son apparition dans la course à Matignon est en soi une mise en cause de Macron devant ses contradictions. La désignation de Xavier Bertrand suppose une pacte de gouvernement avec le Parti les Républicains que refuse son actuel patron Laurent Wauquiez, de peur justement de voir la voilure de Bertrand prendre de l’épaisseur jusqu’à le concurrencer sérieusement lors des prochaines présidentielles de 2027.

L’hypothèse Xavier Bertrand présentait deux failles majeures pour Macron. La première est qu’elle était menacée directement de censure par le Rassemblement National au vu des sentiments exécrables que l’extrême droite nourrit à son égard. La second est que cette solution montre la perte de temps et les occasion ratées ayant marqué la gouvernance de Macron.

Avant la dissolution, de nombreuses personnalités de la Macronie avaient souligné la nécessité de signer un accord de gouvernement avec les Républicains pour s’assurer une majorité confortable à l’Assemblée Nationale. Proposition refusée par Macron sous prétexte qu’il pourrait faire mieux sans être l’obligé des Républicains. Aujourd’hui être obligé de quémander un accord qui était à portée de main avant la dissolution, montre à quel point la stratégie de Maçon vit une débandade inédite.

Macron vit une période tendue de son second mandat et a fait vivre à la France une période d’incertitudes. Son retard de cinquante jours à nommer un Premier ministre n’était pas que le fruit d’un caprice présidentiel d’imposer son rythme et sa respiration à la vie politique française. Il est aussi le résultat d’une situation inextricable que les dernières législatives ont produite. Là ou le président Macron cherchait une clarification, il venait d’obtenir une grande complication.

Emmanuel Macron ne se représentera pas pour un troisième mandat en 2027. Quelle que soit la personnalité qui va succéder à Gabriel Attal, en l’occurrence Michel Barnier , il n’y aura ni cohabitation douloureuse ni compétition effrénée entre les deux têtes de l’exécutif. Dans tous les cas de figure, Michel Barnier aura à gouverner les affaires de la France et le président aura à gérer la fin de son mandat et à construire la trace qu’il veut laisser dans l’histoire. Pour l’un le dur de la réalité, pour l’autre la symbolique des héritages. Deux combats totalement différents.

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