Le potentiel de production d’hydrogène vert au Maroc continue d’attirer les opérateurs internationaux du secteur des énergies renouvelables. C’est aujourd’hui Green Capital, leader polonais dans la production d’énergies propres en Pologne, notamment le photovoltaïque et l’éolien, qui manifeste son intérêt pour le Royaume.
Après avoir créé en avril 2023 une filiale marocaine, sise à Casablanca, le groupe compte passer à la vitesse supérieure avec le lancement d’un grand projet de 8 gigawatts (8 GW) d’hydrogène vert à Dakhla, chantier qui sera piloté par son département Green Capital Hydrogen. L’information a été annoncée par Houssam Abou-Otmane, directeur de la filiale marocaine, dans un entretien avec Le360.
«Green Capital a été séduit par les énormes potentialités éoliennes et solaires du Maroc, son climat d’affaires et sa proximité avec l’Europe», explique-t-il. «Ce genre de projet nécessite d’importants investissements. Nous avons déjà identifié l’emplacement et sommes en train de finaliser l’enveloppe budgétaire», indique cet ancien collaborateur de l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN), qui a rejoint le groupe polonais en mai 2023 pour l’accompagner dans le développement de projets au Maroc.
Parallèlement, Green Capital souhaite aussi développer d’autres projets dans l’éolien et le photovoltaïque, à travers sa filiale Green Capital New Technology, dans le cadre la loi 13-09 sur les énergies renouvelables. Ce texte autorise toute personne physique ou morale, de droit public ou privé, à développer, concevoir, produire et vendre de l’électricité à un consommateur direct dans le Royaume.
Produire et vendre de l’électricité d’origine renouvelable
L’objectif de l’énergéticien: produire de l’électricité d’origine renouvelable et la vendre à des industriels via des lignes de moyenne tension. Pour le moment, l’entreprise a ciblé les régions de Tanger, de l’Oriental et de Marrakech-Safi pour ces projets, mais également celles de Taza, Fès et Laâyoune, notamment pour les sources éoliennes.
«Green Capital est en train de finaliser les études de faisabilité sur le terrain dans ces différentes zones, avant d’entamer le processus d’acquisition et effectuer les demandes d’autorisation auprès du ministère de la Transition énergétique. Nous prévoyons de réaliser ces projets au cours des cinq prochaines années», affirme Houssam Abou-Otmane.
Ces investissements entrent dans le cadre de la stratégie d’expansion à l’international enclenchée par le groupe polonais depuis 2022, avec des projets verts en Afrique et en Asie. «Les problématiques énergétiques engendrées par la guerre russo-ukrainienne dans des pays limitrophes comme la Pologne poussent les investisseurs à s’intéresser à d’autres sources d’énergie», soutient-il.
L’ambitieuse politique de transition énergétique de la Pologne, qui souhaite investir dans des centrales nucléaires et les énergies renouvelables, afin de stopper progressivement ses centrales au charbon, et la politique de décarbonation de l’Europe ont également pesé dans le choix de Green Capital.
Discussions avec d’éventuels partenaires
Interrogé sur les montages financiers de ces différents projets, Houssam Abou-Otmane précise que le groupe est en discussion avec des acteurs locaux pour nouer des partenariats dans ce sens, mais pourrait également investir seul. «Nous avons participé au dernier World Power-to-X Summit, organisé les 19 et 20 septembre à Marrakech, où nous avons pu identifier des partenaires potentiels», nous souffle-t-il.
En dehors du Maroc, l’entreprise souhaite se déployer en Afrique du Sud, en Namibie, en Ile Maurice et au Kenya, quatre pays qui disposent d’un énorme potentiel d’énergies renouvelables.
Green Capital Groupe, actif dans la production d’énergies renouvelables depuis 2008, est composé de dizaines de sociétés dont le capital dépasse les 42 millions de dollars. Le groupe, qui a participé au développement d’installations éoliennes d’une capacité de 400 mégawatts (MW), prévoit aussi de construire une usine d’hydrogène vert de 1,2 GW dans la région de Zulawy, en Pologne.
Un complexe qui abritera un parc éolien de 400 MW, un parc photovoltaïque de 800 MW, des installations de stockage d’énergie, des électrolyseurs et des infrastructures de soutien. D’un investissement de 1,28 milliard d’euros, ce mégaprojet dont «le financement sera bientôt bouclé», assure Houssam Abou-Otmane, va générer 2,2 millions de mégawattheures (MWh) d’énergie propre par an.