La Palestine relance la procédure pour devenir État membre de l’ONU

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU et transmise au Conseil de sécurité, l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour annonce, «à la demande des dirigeants palestiniens», relancer la procédure pour devenir État membre à part entière de l’ONU, datant de 2011, et appelle le Conseil à l’examiner «en avril 2024».

Le diplomate ne cesse de répéter que face à l’offensive israélienne d’ampleur à Gaza, l’une des priorités des Palestiniens, observateurs à l’ONU depuis 2012, est de devenir un véritable État membre des Nations unies. «C’est la communauté internationale qui a décidé de créer deux États en Palestine en 1947. C’est le devoir de la communauté internationale, aux côtés du peuple palestinien, de terminer cette démarche en admettant la Palestine comme État membre», déclarait-il en février.

«Nous mobilisons le plus de pays possibles pour nous soutenir dans cet effort, et nous espérons que le Conseil de sécurité agira en avril», avait-il insisté en mars, évoquant la date du 18 avril à laquelle est prévue une réunion du Conseil au niveau ministériel sur la situation à Gaza.

«La lettre a été reçue (…) et nous allons tenir des consultations bilatérales pour décider de la voie à suivre», a indiqué à l’AFP la présidence du Conseil de sécurité, assurée par Malte en avril.

Les Palestiniens ont reçu mardi le soutien des représentants, notamment des pays arabes et de l’Organisation de la coopération islamique. «Nous souhaitons porter à votre attention que, à ce jour, 140 États membres reconnaissent l’État de Palestine», insistent-ils dans une lettre, considérant la demande de 2011 comme toujours en suspens.

En septembre 2011, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait lancé la procédure demandant «l’adhésion de l’État de Palestine à l’ONU», qui n’est jamais allée à son terme. Les Palestiniens ont finalement obtenu en novembre 2012 le statut d’observateur.

Veto américain?

Récemment, plusieurs capitales européennes, Madrid, Londres ou Paris, ont évoqué la possibilité d’étudier une reconnaissance de la Palestine. Un projet de résolution de la France au Conseil de sécurité sur Gaza, en tout début de discussions, évoque d’ailleurs l’«intention d’accueillir l’État de Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU».

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L’admission d’un État à l’ONU se fait sur décision de l’Assemblée générale, à une majorité des deux-tiers, mais uniquement après une recommandation positive en ce sens du Conseil de sécurité. Des observateurs doutent ainsi que la demande puisse arriver jusqu’à l’Assemblée, mettant en avant le risque de veto des États-Unis au Conseil de sécurité.

«Cela me parait difficile que les États-Unis avalent cette proposition», a commenté Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, rappelant qu’il a fallu des mois pour que les États-Unis acceptent de ne pas bloquer une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, restée depuis sans effet.

Refus d’Israël

«Du point de vue de Washington, imposer au calendrier la question du statut d’État des Palestiniens rend probablement plus difficile de convaincre les Israéliens d’un cessez-le-feu», a-t-il indiqué à l’AFP. Le gouvernement israélien a clairement rejeté la solution à deux États, et le parlement israélien a voté massivement en février contre toute «reconnaissance unilatérale d’un État palestinien».

En 1947, l’Assemblée générale de l’ONU avait voté une résolution partageant la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux États indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et une zone internationale autour de Jérusalem. Mais seule la création d’Israël avait alors été proclamée, le 14 mai 1948, provoquant une guerre entre le nouvel État et plusieurs pays arabes.

Les Palestiniens «savent que c’est le moment de pousser cette question (d’adhésion à l’ONU), qui risque de s’effacer s’il y a un cessez-le-feu et que les membres de l’ONU se concentrent sur d’autres choses», a noté Richard Gowan.

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