Le Gabon ne souhaite plus exporter des lingots d’or brut sur le marché international. Le pays opte désormais pour le raffinage et apporter de la valeur ajoutée. Preuve de ce changement de paradigme, le lancement de la Raffinerie gabonaise de l’or (ROG) le 2 juin par le président Ali Bongo, d’après la presse locale. Cette usine, d’une capacité de transformation de 7 à 10 tonnes d’or par an, est le fruit d’un partenariat entre l’entreprise publique, la Société équatoriale des mines (SEM), et la société à capitaux londoniens et émiratis Alpha Centauri Mining (ACM), un des plus grands producteurs et exportateurs d’or au Gabon depuis 2018.
Libreville rejoint ainsi le cercle fermé des pays africains disposant d’une raffinerie d’or, jusque-là composé de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe. «C’est la première du genre en Afrique centrale. Elle symbolise la métamorphose de notre économie vers plus de diversification, de création d’emplois et de valeur ajoutée locale via la transformation sur place de nos matières premières», a déclaré le chef d’Etat gabonais, lors de cette inauguration.
Selon lui, l’objectif est de «raffiner 100% de l’or produit dans le pays, faire de notre pays un hub en matière de raffinage de l’or en Afrique centrale, permettre jusqu’à une troisième transformation sur place afin notamment de fabriquer des bijoux au Gabon».
La création de cette nouvelle entité intervient près de deux mois après que gouvernement gabonais a voté, le 14 avril dernier, un projet de décret pour obliger les opérateurs miniers à raffiner sur place les quantités d’or destinées à l’exportation. D’après la SEM, le Gabon produit chaque année 2 tonnes d’or, dont une grande partie provient des gisements alluviaux.
Importante hausse des valeurs des exportations
La valeur des exportations est passée de 1,6 milliard en 2017 à 8,4 milliards de FCFA en 2021. Selon le ministère des Mines, 21 permis de recherche d’or, couvrant une superficie de plus de 17.000 km², ont été délivrés à quinze opérateurs miniers entre 2017 et 2021, dont 9 en 2021.
En Afrique, le raffinage de l’or est assuré par quelques grandes compagnies internationales. Dans un rapport publié le 30 mars 2023, la fondation suisse spécialisée dans la coopération au développement Swissaid révélait l’existence de 142 relations d’affaires entre 116 mines d’or industrielles africaines et 16 raffineries à travers le monde, entre janvier 2015 et mars 2023. Seize raffineries certifiées selon le standard de la London Bullion Market Association (LBMA), l’organisation qui supervise les marchés de gros de l’or et de l’argent à Londres.
Quatre d’entre elles concentrent 66% de ces relations d’affaires avec les sociétés minières basées en Afrique. En l’occurrence Rand Refinery basée en Afrique du Sud (49 relations), Metalor (26), et les deux raffineries du groupe MKS PAMP (21).
Dans ce document, l’organisation évoque aussi un manque de transparence de ces entreprises, dont seules six ont confirmé les noms des mines industrielles auprès desquelles elles s’approvisionnent, mais également des droits humains et dégradations environnementales.
Pourvu que cette première raffinerie d’or d’Afrique centrale inspire d’autres pays, comme le Ghana et le Mali, deux autres grands producteurs du métal jaune sur le continent.