Brice Oligui Nguema le général qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba lors d’un coup d’État le 30 août et qui est désormais le chef de transition de cet État d’Afrique centrale riche en pétrole s’est engagé à réformer le système de retraite.
Il y a un nouvel optimisme parmi les personnes âgées qui attendent patiemment depuis l’aube à Libreville, la capitale gabonaise, de récupérer leurs retraites qui n’ont jamais été versées.
Certains disent qu’ils n’ont rien reçu depuis des années.
Quelques jours seulement après avoir pris la tête du pays, le général Brice Oligui Nguema a dévoilé son projet de réforme du système dysfonctionnel, qui a longtemps condamné de nombreuses personnes à la pauvreté.
Léonie Oumtoma, veuve et grand-mère, ne compte plus les fois où elle a fait la queue au bureau de la sécurité sociale de Batavia pour savoir quand elle commencerait à recevoir de l’argent.
« J’ai perdu mon mari en 2017. J’ai soumis mes documents en 2018, mais je n’ai rien reçu depuis.
« A chaque fois que je pars, je reviens… », dit-elle. « Je ne sais même pas combien je vais gagner. »
‘Mettre fin aux souffrances’
L’éviction de Bongo, 64 ans, est intervenue quelques instants après qu’il ait été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle – un résultat qualifié de fraude par l’opposition et les putschistes militaires, qui ont également accusé son régime de corruption généralisée et de mauvaise gouvernance.
Dans un discours devant des centaines de chefs d’entreprise deux jours plus tard, Oligui s’est engagé à « mettre fin aux souffrances » des retraités et des malades.
Il a annoncé que le secteur privé prendrait « immédiatement » en charge la gestion des fonds de retraite et de santé de l’État.
« Je suis veuve mais je n’ai pas reçu un centime de la pension de mon mari depuis deux ans », grogne Henriette Nset, commerçante de 57 ans.
Il y en a des milliers comme elle, affirment l’opposition et les groupes de la société civile, qui tirent la sonnette d’alarme depuis des années.
Selon la Banque mondiale, une personne sur trois vit sous le seuil de pauvreté dans le troisième pays le plus riche d’Afrique en termes de PIB par habitant.
La richesse du Gabon provenant de ses abondantes réserves de pétrole et d’autres ressources naturelles est entre les mains d’une petite élite.
Beaucoup ont vu le coup d’État comme un acte de libération de 55 ans de règne de la famille Bongo – 14 ans sous Ali Bongo, qui a pris le pouvoir lorsque son père Omar est décédé en 2009 après près de 42 ans au pouvoir.
‘Des résultats rapides’
L’espérance de vie au Gabon était de 66 ans en 2021, selon les chiffres de la Banque mondiale.
« Je suis obligé de puiser dans mes économies pour subvenir aux besoins de ma famille », explique François Moussavou, 58 ans, qui attend sa pension depuis deux ans.
Malgré les promesses d’Oligui, l’optimisme initial s’est vite dissipé au sein de la sécurité sociale de Batavia.
Un « problème technique » l’oblige à fermer en milieu de matinée.
Romaric Ngomo Menie, inspecteur général de la Caisse nationale de sécurité sociale, se dit conscient des souffrances et le président « veut des résultats rapides car il se soucie de la protection sociale ».
Comme d’autres, le technicien à la retraite Aristide Mouanda, 57 ans, qui a arrêté de travailler il y a un an mais n’a perçu aucune pension, espère du changement sous le nouveau régime.
Oligui a promis de remettre le pays à un régime civil avec des élections après une période de transition, mais n’a pas fixé de date.
Il a également mis en place un large gouvernement de transition, rencontré des personnalités clés et promis d’aider les plus pauvres du pays.
Mais les grèves des travailleurs qui se plaignent de ne pas avoir été payés depuis des mois suggèrent déjà que la patience des Gabonais pourrait bientôt s’épuiser.