C’est une opération coup de poing qui mobilise des engins du génie, notamment militaire. Dans le viseur de la brigade municipale, commerces et garages anarchiques installés sur le domaine communal de Libreville.
«On n’est plus au stade des négociations. Nous constatons l’infraction aujourd’hui, on frappe et on frappe fort», martèle Raoul Lassy Taty, maire-adjoint du 3ème arrondissement de Libreville.
Frapper fort pour les autorités municipales, c’est restaurer l’ordre urbain ici et maintenant. Murs de concessions et véhicules empiétant sur l’espace public sont tagués. L’hôtel de ville marque son territoire, mais non sans quelques incompréhensions sur le terrain.
«Il fallait quand même nous laisser une semaine pour trouver de la place. C’est trop brutal», a expliqué Euzeckiel, responsable d’un garage.
Ce désencombrement des voies et trottoirs atteint les bidonvilles et n’épargne personne, y compris les corps habillés. «Ce véhicule doit être tagué immédiatement pour libérer le domaine communal. C’est un garage anarchique, je ne fais pas d’exception!», tempête le maire Raoul devant un agent des forces de l’ordre dont le véhicule en panne est visé par une mise en fourrière.
Mais deux semaines après son lancement, le succès de ce début d’opération ne résiste pas au retour d’anciennes pratiques. Plusieurs commerçantes ont très vite réinvesti le trottoir au marché de Venez-voir. «Quand on vous saisit la marchandise, pour la récupérer il vous faut pas moins de 5000 francs CFA. Sachant que la plupart des commerçantes prennent la marchandise à crédit, comment doit-on faire pour s’en sortir?», se plaint Patricia Mengué, une commerçante ambulante. Une résistance s’organise au nom de la survie des commerçantes d’ici et d’ailleurs.
Pourtant la municipalité de Libreville rassure: un plan de relocalisation des victimes de l’opération prévoit plus de 1500 étals inoccupés dans les marchés agréés.
Derrière cette démarche, il y a l’objectif de faire appliquer les normes urbaines dans l’organisation des activités commerciales à Libreville. «Vous vous imaginez, avec ce qui se passe, les voies sont tellement encombrées que ça peut causer les accidents. Il est question de respecter les normes urbaines. In fine, il faut précéder à l’embellissement du domaine communal», a déclaré le général de brigade, Jude Ibrahim Rapotchombo, délégué spécial de la commune de Libreville.
L’hôtel de ville de Libreville se fixe un délai de 6 mois pour venir à bout de l’anarchie dans la capitale gabonaise.