« Quand la mémoire va chercher du bois mort, elle ramène le fagot qui lui plait »
Nous et nos connaissances mystiques
Dieu ne meurt pas, le Prophète n’entre pas en Enfer.
Allah maayata, Annabiijo sumata.
Une assertion vraie et ésotérique que grand-mère utilise pour prémunir les douleurs de la germination des dents de bébé.
Je suis un cercueil, j’emporte mais personne ne m’emporte.
Ko mi booski, mi nawat, mi nawetaake.
Une autre assertion vraie et ésotérique pour se protéger lorsqu’on sort de sa maison.
Notre héritage culturel, ésotérique, mystique, paranormal est immense !
Il se perd car il est secret, ésotérique et ne se transmet que par cooptation.
Il faut être issu de familles qui ont gardé ces précieux patrimoines immatériels pour en être légataire.
Il faut avoir fait plaisir à une vieille personne pour que dans un élan de bonheur elle vous offre un précieux trésor immatériel qu’elle garde précieusement par dévers elle au risque de l’emporter définitivement dans sa tombe.
Il faut être passionné de connaissances endogènes mystiques, accepter de dépenser son argent et de céder ses biens, voyager à travers les villages de la savane et de la forêt, aller à la rencontre d’ermites, de sages, de guérisseurs et ainsi recueillir ces connaissances mystiques en voie de disparition.
Ils sont aujourd’hui nombreux hommes et femmes, nouveaux faux dévots, des charlatans, qui vendent le bonheur futur sur de fausses connaissances, de pratiques dévoyées et qui insufflent dans les cœurs la haine de l‘autre, attisent les flammes de la vengeance sans fondement et soufflent les braises de la jalousie qui tue à petit feu.
Est-ce des connaissances ? Sont-elles téellement opérationnelles et efficaces?
Dieu seul sait!
Yalla rek a xam!
Dirait l’autre!
Il y a des plantes qui guérissent, la médecine moderne le reconnaît !
Les grands laboratoires cherchent à les trouver, à en tirer des médicaments, à les commercialiser, à s’enrichir sur notre dos!
Ils viennent aussi chez nous en Afrique à la chasse aux microorganismes avec des potentiels thérapeutiques ou industriels. Ils en font des brevets et ainsi s’approprient les richesses de notre biodiversité bactérienne et microbienne en toute licence et impunité.
Nos écoles, nos universités et beaucoup de nos enseignants et intellectuels sont allergiques à l’idée d’enseigner ou de faire des recherches sur nos connaissances mystiques immatérielles et même d’ailleurs matérielles.
Et paradoxalement eux, leurs épouses, de manière générale, les sénégalaises et les sénégalais, en grande partie, vont en cachette voir le charlatan du coin pour guérir d’une migraine, augmenter les chances de leurs enfants à réussir à un examen et à acquérir un emploi.
Certains mêmes vont chez le charlatan pour jeter un mauvais sort à une personne qui réussit trop bien à leurs goûts ou qu’ils haïssent sans savoir pourquoi.
Combien de sénégalais et de sénégalaises vont chez le vieux peul, la grande dame lébou, le saltigué prendre des bains mystiques ?
Il y a d’ailleurs beaucoup de marabouts qui vont se laver chez le vieux peul avec ses cornets de poudre provenant de plantes aux pouvoirs mystérieux et désirés: richesse, popularité, faire peur, être inattaquable, etc.
Ces connaissances immatérielles, ces poudres, ses plantes sont-elles compatibles avec l’Islam?
Il y a plus de cinquante ans, feue ma grand-mère Yacine MBAYE Sow, que nous appelions affectueusement Daadanel, s’en était ouverte à un Grand Marabout feu Serigne Doudou Lo.
Ce dernier, sage parmi les sage, lui dit:
comme tu soulages les humains, Dieu est avec toi.
Je vous souhaite une excellente journée dominicale sous la protection divine.
Dakar, dimanche 7 août 2022
Mary Teuw Niane