Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall va s’adresser samedi à la nation, a appris l’AFP vendredi auprès de la présidence, en plein débat sur un report de l’élection présidentielle du 25 février.
L’adresse du président Sall est prévue à 12H00 GMT et locale, ont dit à l’AFP deux sources à la présidence sénégalaise, sans plus de détails.
Le message du dirigeant sénégalais est fixé à quelques heures de l’ouverture de la campagne pour le scrutin du 25 février, prévue samedi à minuit, pour lequel 20 candidats ont été validés par le Conseil constitutionnel.
Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, a annoncé en juillet ne pas être pas candidat.
Le Conseil constitutionnel a exclu du scrutin des dizaines de prétendants, dont deux ténors de l’opposition, le candidat antisystème Ousmane Sonko et Karim Wade, ministre et fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).
L’Assemblée nationale a approuvé mercredi, après des débats tumultueux, la formation d’une commission d’enquête sur le processus. Un grand nombre des membres du camp présidentiel ont voté pour.
Ce soutien a semé le trouble. Des adversaires du président sortant soupçonnent un plan pour repousser la présidentielle parce que le pouvoir craindrait de la perdre.
La ministre du Développement communautaire, Thérèse Faye, également une responsable du camp présidentiel, s’est exprimée vendredi en faveur d’un report pour au moins six mois de la présidentielle.
Mme Faye, une proche du président Sall, a estimé que le processus électoral ayant abouti en janvier à la validation de 20 candidatures par le Conseil constitutionnel avait été «bousillé» par des irrégularités, sur la télévision privée TFM.
Le Conseil constitutionnel est un organe essentiel du processus électoral. Il est appelé à proclamer les résultats de la présidentielle et à statuer sur les éventuelles contestations.
L’ex-parti au pouvoir, dont le candidat est Karim Wade, a annoncé avoir déposé vendredi à l’Assemblée nationale «une proposition de loi portant sur le report» de la présidentielle du 25 février, dans un communiqué transmis à l’AFP.
«Notre initiative parlementaire est motivée par les nombreux incidents et contestations qui ont faussé le processus électoral, mettant en lumière de graves dysfonctionnements» et «plus encore avec l’élimination des candidats», a dit, dans ce communiqué, le Parti démocratique sénégalais (PDS) qui dirige un groupe parlementaire formé de 27 députés, sur les 165 à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, une des 20 candidats validés par le Conseil, Rose Wardini, a été placée vendredi soir en garde à vue par la Division des investigations criminelles (Dic, police judiciaire) pour «faux et usage de faux et escroquerie au jugement», a appris l’AFP auprès d’une source policière.
Mme Wardini, une des deux femmes dont la candidature a été retenue, gynécologue et actrice de la société civile, a été interpellée vendredi dans le cadre d’une enquête sur sa nationalité franco-sénégalaise présumée, selon cette source.
Tout candidat à la présidence «doit être exclusivement de nationalité sénégalaise», dit la Constitution.
Le candidat Karim Wade a été exclu du scrutin du 25 février à cause de sa double nationalité sénégalaise et française, selon le Conseil constitutionnel.
Il avait dénoncé «une décision scandaleuse» et «un nouveau complot judiciaire», avant que son parti n’initie à l’Assemblée nationale le processus ayant abouti à la mise en place de la commission d’enquête parlementaire.