Ni la promulgation de la loi adoptée, suivie de la dissolution du gouvernement, encore moins le renvoi du projet de loi, suivi de la dissolution du Conseil National de Transition ne saurait être la solution à la crise qui se vit au plus haut sommet de l’État. Ce qui s’impose au Président de la Transition, c’est de gérer cette situation à l’amiable entre le chef de l’Exécutif et le président de l’organe législatif. Cela éviterait une division qui fragilisera la Transition.
Les tensions sont vives entre le Conseil National de Transition et le Gouvernement depuis l’adoption controversée de la nouvelle loi électorale avec 92 amendements. Jamais l’adoption d’une loi n’a autant divisé les pouvoirs exécutif et législatif.
En effet, le Conseil National de Transition a adopté la nouvelle loi électorale contre le gré du gouvernement, avec 92 amendements. Malgré la volonté du gouvernement de retirer le projet, il a adopté à 111 voix pour, 3 contre et zéro abstention. Depuis, la crise devient profonde entre le CNT et le gouvernement. Des deux côtés, les soutiens se livrent à des attaques. Mais le dernier mot revient au Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Lui qui a le choix de promulguer le projet de loi adopté par le Conseil national de la Transition ou le renvoyer en seconde lecture. Dans les deux cas, il aura frustré une institution. Si la loi est promulguée en l’état, pourrait fâcher le gouvernement, notamment le Premier ministre qui s’est battu pour la création de l’organe unique de gestion des élections malgré l’opposition d’une bonne partie de la classe politique. Son renvoi pour une relecture pourrait aussi irriter le Conseil national de Transition, et des partis politiques et mouvements qui ont salué l’adoption de ce projet.
Ce qui s’impose au Président de la Transition
Un grand défi, une difficile décision à prendre, un choix déterminant pour le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Les Maliens attendent à ce qu’il fasse un choix entre le CNT et le gouvernement. Pour beaucoup d’observateurs, le gouvernement doit démissionner si le président de la Transition promulgue la loi. Et dans le cas contraire, c’est la dissolution du CNT qui s’impose au président de la Transition. Le colonel président doit-il faire un choix qui risque de créer une division entre les acteurs de la transition ? Non, à notre humble avis.
Ce qui s’impose au président aujourd’hui, c’est d’engager un dialogue franc et véridique entre le président du CNT et le chef du gouvernement, afin que ces deux personnalités instruisent à leurs soutiens d’arrêter immédiatement les attaques sur les réseaux sociaux. Ainsi, ils doivent voir la décision qui conviendrait aux deux camps : le gouvernement et le CNT. Il est donc important que le Président se mette au-dessus de la mêlée. Le plus urgent, à notre avis, c’est de parler avec le colonel Malick Diaw et le Premier ministre, afin que s’apaisent les tensions.
Boureima Guindo