Le devenir de la milice du polisario après la fin du différend autour du Sahara et l’adoption du plan d’autonomie est « une affaire marocaine » mais aussi algérienne, a indiqué le politologue, Mustapha Tossa. Selon lui, l’entreprise (polisario) arrive à sa fin et l’Algérie est déjà perdante sur plusieurs fronts.
Alors que la thèse séparatiste du polisario dont l’Algérie fait la promotion depuis bientôt 50 ans s’essouffle devant la communauté internationale, la question de savoir quel avenir sera réservé à cette milice ayant recherché à créer un faux Etat au Maroc commence à interroger les observateurs et les politologues.
« Dans le cadre de la mise en exécution de l’autonomie, le Royaume du Maroc devrait accueillir les séquestrés sahraouis des camps de Tindouf en Algérie et permettre non seulement leur retour à la mère patrie mais aussi leur participation active à la dynamique de la construction nationale », a indiqué le journaliste et politologue à propos des séquestrés de Tindouf.
Mais concernant les milices armées qui ont été créées, formées et continuent d’être financées par le régime militaire algérien, le traitement sera différend, selon Mustapha Tossa.
Les milices armées du polisario auront « des comptes à rendre » selon leur agenda et leur pedigree et aussi leurs collusions terroristes « qui menacent la paix et la stabilité régionale », a-t-il indiqué. En effet, les autorités marocaines ainsi que d’autres pays, ont trouvé des liens entre les milices du polisario et des mouvements terroristes tels que l’Etat islamique.
Concernant l’Algérie qui « est l’unique partie prenante » dans cette crise, Mustapha Tossa indique que malgré les dénégations officielles, et la théorie selon laquelle Alger ne serait qu’un pays observateur, l’affaire du polisario est aussi une affaire algérienne.
Le dossier du polisario « est la seule préoccupation de sa diplomatie », a-t-il indiqué en faisant référence à l’Algérie. « Par un maladif réflexe de Pavlov, elle invoque de manière obsessionnelle le polisario dans les forums internationaux même si leur agenda n’a aucun rapport avec le sujet », a-t-il cité à titre d’exemple.
Il estime d’ailleurs que ce soutien algérien au polisario maladif « a fini par tourner à la malédiction », puisqu’il met en otage son peuple et l’avenir de celui-ci. Pour lui, c’est » un soutien avec un coût politique et économique immense au point d’handicaper tout le pays et de l’empêcher de profiter de ses ressources et de dynamiser ses énergies ».
Ce soutien algérien à la milice séparatiste du polisario, contre vents et marées, a également d’autres coût pour l’Eta algérien qui a perdu toute crédibilité et fiabilité. « C’est à cause du soutien algérien au Polisario que le pays est en crise ouverte avec son voisinage », a-t-il noté, en estimant que le dernier épisode sur le gaz abîme sa relation vitale avec son voisin et son client gazier, l’Espagne.
« C’est à cause de ce soutien que le régime algérien entretient aussi une relation conflictuelle avec l’espace européen, pour lequel l’Algérie n’est plus un allié crédible avec qui il est possible d’établir des ententes de longue durée », a indiqué le politologue, en estimant que l’Algérie a montré qu’elle choisissait une gestion à base d’humeurs changeantes au lieu de s’armer de rationalité comme celle qu’exige la défense d’intérêts supérieurs des Etats .
Avec les pays arabes, là aussi l’Algérie a perdu en entretenant des relations tendues et dépourvues de toute confiance avec son voisinage arabe, et la meilleure preuve réside dans la difficulté manifeste pour le régime algérien d’organiser un sommet de la Ligue arabe, note Tossa en citant ce sommet arabe pour lequel Alger a bataillé pendant de longs mois, à coups de voyages diplomatiques et d’envoi de lettres pour tenter de convaincre les pays arabe.
Ces derniers n’ont pas voulu servir à l’Algérie dans son agenda de propagande pour le polisario alors qu’ils sont tous contre toute menace à l’intégrité territoriale des pays, et ne reconnaissent pas cette milice.
« Le polisario est une affaire perdante pour Alger sur toutes les lignes. Et pourtant leur régime s’entête à poursuivre cette chimère et à continuer cette hémorragie », s’est étonné le politologue basé à Paris avant d’ajouter que cette situation est d’autant plus triste pour l’ensemble de la région que le polisario n’est pas une affaire populaire en Algérie, où elle ne trouve aucune adhésion du peuple.