Abdoulaye Maiga à la primature : le Colonel va-t-il rompre avec la méthode de l’homme politique ?

Réputé être un homme de valeur, le Colonel Abdoulaye Maiga qui assure aujourd’hui l’intérim du premier ministre Choguel Kokala Maiga, a été un bon ministre de l’administration territoriale, d’où une certaine unanimité après que le choix ait été porté sur lui pour assumer les hautes charges de la primature. C’est ce préjugé favorable qui doit normalement être sa boussole pour mener à bien sa mission à la primature surtout quand il sera confirmé. Il doit totalement rompre avec la politique à la fois populiste et divisionniste de son prédécesseur afin de rassembler tous les maliens et de réconcilier le Mali avec tous ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Si tant est qu’il a su séduire même les opposants à la transition étant ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, il ne doit alors pas avoir de problèmes à gérer avec doigter et intelligence la primature afin qu’il laisse une bonne image à la postérité. Le Colonel Abdoulaye Maiga aurait-il les mains libres pour trouver un large consensus et mener à bien les réformes institutionnelles et constitutionnelles ? L’ombre de son prédécesseur ne va-t-il pas planer sur lui ?

Au Mali les défis sont immenses et les solutions proposées jusque-là sont en deçà des grandes attentes auxquelles les maliens aspirent. Des discours au relent populiste ont été tenus, des ruptures, au nom d’une souveraineté, ont été faites, une nouvelle alliance a été tissée avec la Russie, mais les problèmes majeurs restent entiers et sans solutions pérennes. Pendant 2 ans le Mali aura tenté de s’affranchir de ses voisins de la CEDEAO, de rompre avec la communauté internationale, au prétexte que ces deux entités sont esclaves de la France que les autorités maliennes ont voué aux gémonies. Tout ça pour simplement dérouler le tapis rouge devant la Russie, qui, il faut le reconnaitre, a fait beaucoup sur le plan de la dotation en équipements militaires des FAMa, mais les autres domaines tels que l’économie et les finances restent déserts comme le sahel. C’est dans ce contexte très tendu que le Colonel Abdoulaye Maiga a été désigné pour assurer l’intérim du PM Choguel K Maiga. Si le choix n’est pas fortuit à cause de la valeur de l’homme, le nouveau PM est attendu sur plusieurs fronts, donc son salut ne pourrait venir que de sa grande capacité à transcender les clivages politiques et syndicaux et à rompre avec la politique va-t’en guerre et populiste de son prédécesseur.

Le Colonel Abdoulaye Maiga aurait-il les mains libres ?
La réponse est sans nul doute oui, car le Mali est à la recherche d’un second souffle et qu’après les discours, une place de choix doit être maintenant accordée aux actions. Donc si le Président de la Transition et tous les autres dirigeants veulent sortir par la grande porte de l’histoire, ils doivent soutenir les efforts du PM Abdoulaye Maiga afin de rompre non seulement avec le passé récent fait d’exclusions, de règlement de comptes et d’auto promotion au détriment de l’essentiel, mais aussi de s’atteler aux réformes institutionnelles, constitutionnelles et politiques permettant au Mali de sortir définitivement du cercle vicieux des pays ayant battu le record en rupture constitutionnelle, bref en coups d’Etat à n’en pas finir. Pour ce faire le PM par intérim doit tendre la main à toutes les forces vives de la nation, à tous les maliens de quelques obédiences sociales ou religieuses qu’ils soient, afin de réaliser un large consensus autour des projets de réformes dans le souci de leur donner la légitimité nécessaire pour qu’elles résistent au temps et aux contingences politiques.

L’ombre de Choguel K Maiga ne va-t-il pas planer sur le Colonel Abdoulaye Maiga ?
La petite télépathie que ses discours populistes ont suscité et qui crée une certaine symbiose entre Choguel et une frange du peuple ne va pas s’estomper de sitôt, donc ses partisans ne verront que du noir partout et les actions posées par l’actuel PM seront battues en brèche, mais avec la persévérance le peuple finira par se rendre compte qu’il a été floué par l’ancien PM et que derrière ses discours il y a qu’un vaste désert. La tâche du PM par intérim sera ardue car son prédécesseur a réussi à mettre le Mali dos à dos avec ses voisins de la CEDEAO, avec l’occident, qui comprend l’UE, les Etats Unis, avec l’UA. Bref il a condamné le Mali à vivre en autarcie dans un monde interdépendant. Ses partisans trouveront une excuse en disant que Choguel n’a été qu’un exécutant et que le maitre d’ouvrage n’était que le Colonel Assimi Goïta, Président de la transition.
En somme, la balle est dans le camp du nouveau PM qui aura certes du pain sur la planche, mais que sa mission est loin d’être au-dessus de sa capacité.

Youssouf Sissoko

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