Addis-Abeba : élection du nouveau président, putschs, Zlecaf… Les principaux enjeux du sommet de l’Union Africaine

Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, accueille les 17 et 18 février le 37e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine. Selon les autorités éthiopiennes, en plus de dirigeants d’institutions internationales, 34 dirigeants africains sont attendus à une rencontre où les sujets brûlants ne manquent pas.

L’Ethiopie, qui abrite le siège de l’Union africaine, accueille les 17 et 18 février le 37e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation panafricaine. Pour cette édition, selon les autorités éthiopiennes, 34 dirigeants africains dont un Roi, 24 présidents, deux Premiers ministres et cinq vice-présidents sont annoncés. A noter que six pays sont suspendus de l’organisation suite à des coups d’Etat (Mali, Guinée, Burkina Faso, Gabon, Niger et Soudan).

Aux dirigeants qui feront le déplacement viendront s’ajouter de nombreux responsables d’institutions internationales dont le Secrétaire général de l’ONU et celui de la Ligue arabe. A l’ordre du jour de cet important sommet figurent plusieurs dossiers.

La présidence tournante de l’UA revient à la Mauritanie

Le problème de la présidence tournante est définitivement réglé. Et c’est le président mauritanien, Mohamed Cheikh el-Ghazouani qui succédera à son homologue comorien Azali Assoumani, suite au compromis trouvé par les pays d’Afrique du Nord. Une présidence restée longtemps bloquée par l’antagonisme entre le Maroc et l’Algérie, deux grands pays de l’Afrique du Nord, région à laquelle échoit la présidence tournante de l’organisation panafricaine.

Les pays d’Afrique du Nord, qui avaient en charge de désigner l’un des leurs pour assurer la présidence de l’UA en 2024, ont longtemps été incapables de trouver un consensus, après presque deux ans de difficiles négociations, à cause notamment des divergences entre Alger et Rabat.

Au-delà de ces deux pays, les alternatives n’étaient pas nombreuses. Il était mal vu de confier la présidence au Tunisien Kaïs Saied après ses sorties sur les migrants subsahariens, des propos condamnés par l’UA et qualifiés de «racistes», la Libye est toujours traversée par une crise politique, alors que l’Egyptien al-Sissi a été le dernier dirigeant de la région à diriger cette institution panafricaine.

Partant, la seule alternative qui restait était celle du président mauritanien lequel, très réticent au début, a fini par céder aux sollicitations de certains pays de la région d’Afrique du Nord et de l’Ouest qui craignaient la paralysie et/ou l’obligation de transférer la présidence à un pays d’Afrique australe.

Autant dire que durant les prochains mois, le président mauritanien devra concilier campagne électorale (la présidentielle en Mauritanien est prévue en juin prochain) et déplacements dans et en dehors du continent qu’exige la présidence de l’UA. Mohamed Cheikh el-Ghazouani aura la lourde tâche de porter la voix africaine au niveau des instances internationales.

L’Afrique et le nouvel ordre mondial

Le nouveau président de l’UA aura la lourde tâche de représenter le continent au niveau des instances internationales dont le G20, forum au sein duquel le continent a pu obtenir un siège en septembre 2023. Il devra également prendre part à d’importantes réunions dans un contexte mondial marqué par la volonté des pays émergents et en développement de contribuer à la mise en place d’un nouvel ordre politique et économique mondial.

A ce titre, les dirigeants africains, réunis à Addis-Abeba, devront déterminer les positions du continent sur les questions de l’heure. En effet, après le G20, l’Afrique aspire à un siège permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Un objectif que le président mauritanien devra défendre durant son mandat.

Ce nouvel ordre économique mondial suppose la réforme de l’architecture financière mondiale. Les pays du continent peuvent compter sur ceux des Brics, parmi lesquels figurent trois pays africains -Afrique du Sud, Egypte et Ethiopie-, mais aussi sur d’autres partenaires qui souhaitent une évolution du système financier mondial dont la Russie et la Chine, pour réformer certaines institutions comme le Fonds monétaire international (FMI).

Coups d’Etat militaires et institutionnels

Le volet sécuritaire sera l’un des enjeux du sommet d’Addis-Abeba, la question est brulante en Afrique où les foyers de tension se multiplient. Le continent semble faire face à un net recul démocratique, comme en attestent les nombreux coups d’Etat militaires. Pas moins de six pays africains ont connu des coups d’Etat et sont dirigés par des juntes militaires: Mali, Guinée, Burkina Faso, Soudan, Gabon et Niger.

Face à ces changements anti-démocratiques de régimes, l’Union africaine n’a pour l’heure aucune réponse, hormis de sanctionner les pays en question en les empêchant de participer à ses réunions.

Mais à bien considérer le contexte africain, les coup d’Etat ne sont pas les seules marques du recul démocratique. Il y a aussi les nombreuses réformes constitutionnelles qui ont pour seul objectif de faire perdurer certains président au pouvoir, en faisant réviser les lois limitant le nombre de mandats afin de pouvoir se représenter au-delà des limites fixées par la Constitution de leur pays. C’est d’ailleurs l’une des causes fondamentales des frustration populaires et des tensions politiques dans de nombreux pays africains.

Mais il est à craindre que les dirigeants du continent n’aient que des vœux pieux exprimer sur le respect des règles démocratiques. Des vœux inaudibles auprès de nombreux chefs d’Etat qui s’accrochent au pouvoir et qui passent leur temps à tripatouiller les Constitutions.

Les conflits armés et l’Afrique

L’autre enjeu de la réunion a trait à l’insécurité et aux guerres. Le continent est actuellement où sévit le plus de guerres et de violences terroristes et de rébellions. Aux vieux conflits (Somalie, Centrafrique,…), rébellions (RDC, Sahel) et terrorisme djihadistes (Sahel, Mozambique, Somalie,..), la guerre civile au Soudan est venue accroître l’insécurité en Afrique. Les relations tendues entre l’Ethiopie, qui cherche une ouverture sur l’océan, et la Somalie, les différends entre la RDC et la Rwanda… sont autant de foyers de tension auxquels l’organisation peine à trouver des solutions, se contentant d’appeler à des négociations.

Reste que malgré le fait que le Commissariat à la paix et à la sécurité absorbe plus de 70% du budget de l’organisation, les marges de manœuvre de l’Union africaine sont très limitées dans ce domaine.

Un coup de pousse pour accélérer la Zlecaf

Après son lancement, l’heure est à l’accélération de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf). Ainsi, après le lancement en 2023 de l’Initiative du commerce guidé (GTI) par sept pays du continent, ayant servi de phase pilote, l’année 2024 verra son élargissement à 24 autres pays. Un total de 31 pays participeront, cette année, à cette initiative qui a permis aux pays membres d’échanger 96 produits (caoutchouc, acier, produits pharmaceutiques, pâtes alimentaires, carreaux céramiques, thé, café, sucre, fruits secs,…) dans le cadre des conditions préférentielles prévues par le Zlecaf.

En conséquence, avec 31 pays engagés dans le cadre de l’Initiative du commerce guidé, cette année sera véritablement celle du lancement de la Znecaf. Pour y parvenir, il est attendu des chefs d’Etat réunis à Addis-Abeba des actions concrètes à même de donner de l’élan à l’opérationnalisation de la Zlecaf et convaincre d’autres pays réticents à s’engager dans le marché commun africain.

Rappelons que 53 pays africains ont signé le traité de la mise en place de la Zlecaf, 47 l’ont ratifié. Une fois effectif, ce sera le plus grand marché commun du monde en termes de nombre de pays concernés, pour une population d’un peu plus de 1,3 milliard de consommateurs.

Enfin, d’autres sujets non moins importants seront abordés dont l’éducation, le changement climatique qui impacte négativement le continent…

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