Comment le Maroc compte gagner la bataille d’une agriculture durable

Fort tributaire de son agriculture, le Maroc se heurte depuis plusieurs années à une raréfaction de ses ressources en eau, qui s’aggrave encore sous l’effet des changements climatiques. Secteur clé de l’économie marocaine, avec une contribution d’environ 15% au PIB et employant près de 40% de la main-d’œuvre, le secteur agricole accapare également près de 80% des ressources en eau du pays, d’où la nécessité d’une transition vers une agriculture économe en eau.

Face à la succession des années de sécheresse, le passage à un modèle agricole économe en eaudevient plus que jamais un impératif. Lequel modèle se doit de privilégier les technologies d’irrigation à faible consommation d’eau et les stratégies d’irrigation intelligentes, ainsi que les pratiques et politiques agricoles résilientes et durables.

Agriculture économe en eau : défis et innovations pour un avenir durable

Les changements climatiques laissent présager des impacts dramatiques et inattendus sur les systèmes agricoles et les modes de subsistance des agriculteurs. «À cause des changements climatiques, la capacité de production céréalière du Maroc diminuera de 30% selon les projections», avertit le directeur de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), Faouzi Bekkaoui. Il est donc urgent de développer la résilience de l’agriculture marocaine, et renforcer la durabilité et la compétitivité des secteurs prioritaires et porteurs du Maroc tout en préservant ses ressources naturelles.

Intervenant dans le cadre d’un webinaire initié par la Chambre de commerce britannique au Maroc, sous le thème «Agriculture économe en eau, opportunités et innovations pour un avenir durable», M. Bekkaoui s’est arrêté sur la nouvelle stratégie agricole marocaine «Génération Green» qui vise à inverser cette tendance en donnant la priorité à un modèle de production agricole résilient et éco-efficace, à moindre coût pour l’environnement. L’objectif ultime de «Génération Green», explique le directeur de l’INRA, est de garantir la sécurité alimentaire et de consolider les fondements de lasouveraineté alimentaire dans le cadre de la transformation alimentaire et de mettre en place une agriculture résiliente et éco-efficace, en s’attaquant au stress hydrique au moyen d’investissements destinés à améliorer les économies en eau et en énergie. Ces investissements, poursuit-il, portent notamment sur la poursuite des programmes de mobilisation et d’économie des eaux destinées à l’irrigation (avec pour objectif de doubler la valeur ajoutée par m³ d’eau) comme suit :

• Le développement de l’irrigation au goutte-à-goutte sur 350.000 hectares supplémentaires pour atteindre 1 million d’hectares en 2030.
• Le développement de l’agriculture irriguée par la réhabilitation de 200.000 ha en petite hydraulique, la réhabilitation des khettaras, la fixation de seuils de renouvellement des eaux souterraines.
• Le renforcement de l’approvisionnement en eau par l’exploitation durable des eaux de surface et des ressources en eau non conventionnelles, notamment par le dessalement en vue de réduire les risques liés au climat et de préserver les eaux souterraines.

Ce que prévoit «Génération Green» pour une utilisation plus rationnelle de l’eau dans le secteur agricole

En matière d’innovation et de meilleures pratiques, M. Bekkaoui souligne que le nouveau plan «Génération Green» promeut le développement et l’utilisation de variétés résistantes, se caractérisant notamment par le fait qu’elles sont respectueuses de l’environnement, supportant les stress provoqués par la chaleur et la sécheresse et offrant un rendement élevé. Il s’agit, précise le directeur de l’INRA, de plus de 60 variétés répertoriées dans le catalogue officiel au cours des dix dernières années, couvrant 10 cultures (12 céréales, 8 cactus, 8 agrumes, 8 plantes fourragères, 6 arganiers, 5 oliviers, 5 arbres fruitiers, 4 oléagineux annuels, 4 légumineuses alimentaires et 3 palmiers-dattiers).
Aussi, ajoute le directeur de l’INRA, ce nouveau plan encourage les cultures tolérantes à la sécheresse, notamment :
• Les cultures annuelles les plus résistantes : l’orge, le blé dur, l’avoine, le triticale, les lentilles, les pois chiches et les haricots.
• Les arbres fruitiers : le caroubier, l’olivier, le figuier, le grenadier et l’amandier.
• Les plantes médicinales : le câprier, l’armoise et le romarin.

«Génération Green» promeut également la recherche visant à optimiser les stratégies d’irrigation économes en eau sur site. Il s’agit notamment du système de l’irrigation localisée à basse pression qui permet des performances hydrauliques similaires à celles de l’irrigation localisée ordinaire, mais à des pressions de fonctionnement nominales faibles, ce qui permet d’économiser non seulement de l’eau, mais aussi de l’énergie, explique M. Bekkaoui.

Un autre système innovant évoqué par le directeur de l’INRA est celui de la nano-irrigation qui consiste à irriguer localement sous terre et à faible pression. Il s’agit d’une innovation technologique faisant appel aux nanotechnologies. Elle consiste en l’installation d’un réseau de tubes semi-perméables comprenant 100.000 nanopores invisibles par cm² qui libèrent l’eau à des débits très faibles en continu (24 h/24 et 7 j/7) et très près des racines. «Grâce à ce système, on peut économiser 60 à 80% de la consommation d’eau comparativement à l’irrigation au goutte-à-goutte».

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