Devant des milliers de ses partisans venus de tout le pays à Agboville, à 70km au nord d’Abidjan, M. Gbabgo, 78 ans, a notamment dénoncé «la vie chère», au cours d’un discours fleuve de plus de deux heures.
Dans son viseur: l’élection présidentielle de 2025, où il souhaite porter les couleurs du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI).
Seul écueil: il est pour l’heure inéligible, condamné à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 2011, lors de la sanglante crise post-électorale qui avait fait 3.000 morts.
S’il a été acquitté en 2021 par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité commis lors de cette crise, puis gracié par le président Alassane Ouattara un an plus tard pour sa condamnation dans le «braquage» de la BCEAO, il n’est toujours pas amnistié, ce qui l’exclut d’office des listes électorales.
«Je ne suis pas coupable», a-t-il lancé samedi, à ce sujet, assurant qu’il allait publier des documents dans les prochains jours pour dire «la vérité».
«Pour la paix, pour la cohésion» il faut adopter une «loi d’amnistie», plaide Bertin Kouassi Kouadio, secrétaire fédéral du PPA-CI à Yopougon, immense commune populaire d’Abidjan.
«Remobiliser les troupes»
Les militants sont déjà en ordre de marche pour l’élection qui doit se tenir dans 18 mois.
Samedi, ils ont d’abord défilé dans les rues d’Agboville, au rythme de tambours traditionnels, et en chantant à la gloire de leur «président».
Pour cette deuxième édition de la «fête de la Renaissance», Eloge Païbo, secrétaire de section du PPA-CI à Abidjan, espère que cela pourra «remobiliser les troupes».
«Cette mobilisation doit montrer au monde entier que le président Gbagbo a les moyens de gagner», s’enthousiasme Inès Nadège Blezir, militante pro-Gbagbo depuis plus de trente ans, qui tient une banderole aux couleurs bleues du parti.
«Regardez tout ce monde autour de vous, ce sont eux qui vont aux urnes», ajoute t-elle.
La mobilisation de la base derrière Laurent Gbagbo, qui a passé près de dix ans hors de Côte d’Ivoire lorsqu’il était emprisonné à la CPI, reste difficile à cerner.
Lors des élections locales de 2023, le PPA-CI n’a remporté qu’une poignée de communes et ses principaux cadres ont été battus dans de nombreuses communes et régions.
«Il est vraiment impératif que l’opposition se réveille, parce qu’il y a beaucoup de luttes à mener», a lancé samedi la militante de la société civile Pulchérie Gbalet, évoquant la «réforme» de la Commission électorale indépendante, notamment.
Pour l’heure, outre M. Gbabgo, aucun poids lourd politique ne s’est encore officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle.
Si Tidjane Thiam, leader de la principale formation d’opposition, devrait être investi par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le président Alassane Ouattara ne s’est pas encore prononcé sur un éventuel quatrième mandat.