Édito : Guinée, la transition à l’épreuve des forces centrifuges

La vague d’indignation qui a suivi la violente interpellation des militants pro démocratie par des éléments de la brigade de répression du grand banditisme (Brb) ne faiblit pas. L’incident a eu une forte résonance au-delà de notre pays, où militants pro démocratie et défenseurs des droits humains ont fait chorus, pour dénoncer cette scène ubuesque digne d’un univers orwellien. Nul n’est certes au-dessus de la loi, mais c’est le lieu de reconnaître que les agents de sécurité, mandatés par M. le procureur pour mener ces arrestations, y sont allés trop fort, en perdant leur flegme. Ainsi au lieu d’une interpellation menée dans les règles de l’art, on a plutôt assisté à une bavure policière, qui vient annihiler les efforts que la transition est en train de déployer pour remettre d’aplomb l’appareil judiciaire. Une justice qui, au demeurant n’avait jusque-là servi que les intérêts de la nomenklatura.

Le sursaut d’indignation provoqué par le rapt de Oumar Sylla, coordinateur du Front national pour la défense de la constitution (Fndc), et ses collègues Alpha Midiaou Bah alias Diani Alpha et Billo Bah, a eu pour conséquence immédiate le retrait du mouvement, du cadre de dialogue initié par le Premier ministre Mohamed Béavogui.

Ce cadre de dialogue qui accusait déjà un retard à l’allumage, à cause de certaines réticences enregistrées dans le camp d’une frange des forces vives, va continuer à patiner dans la mélasse. Quand on sait que le Fndc constitue l’un des maillons essentiels des protagonistes de la crise guinéenne. Devenu par la force des choses, l’avant-garde de la fronde anti-chronogramme de la junte.

A moins que l’arrivée annoncée d’une mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) pour ce jeudi à Conakry, ne serve d’électrochoc contre cette atrophie de la plateforme de Mohamed Béavogui. Un Premier ministre qui ne sait plus à quel saint se vouer. Face à cette affaire d’arrestation qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Entraînant de facto l’embrasement de certains quartiers acquis à la cause du Fndc.

Le nouveau médiateur Yayi Boni, ancien président béninois va faire une plongée dans une météo politique très chargée. Avec sur la table cette arrestation de ces militants pro démocratie. Qui pourrait être considéré comme un premier test pour le médiateur, dont les bons offices devraient permettre de parvenir à un modus vivendi.

Quant au procureur général, il reste sur ses arçons, dans cette tempête provoquée par son intransigeance à vouloir préserver l’ordre dans la cité. M. Charles Wright qui qualifie les propos tenus par l’artiste Diani Alpha sur les réseaux sociaux de ‘’’constitutifs d’un délit flagrant d’injure envers l’administration publique, indique qu’ils sont réprimés aussi comme des atteintes à la dignité des individus par le biais d’un système informatique.’’

Et que Oumar SYLLA alias Foniké Mengué et Monsieur Billo BAH et autres ont eu le malheur de relayer de telles injures. Ce qui leur vaut ces ennuis.

Au terme de ce tour de passe-passe juridique, le procureur conclut que les agents commis à l’accomplissement de ces interpellations ne sont pas à blâmer. Même si certains juristes objectent cet argument. Tout en pointant du doigt ces agents qu’ils n’hésitent pas à qualifier de brebis galeuses, à mettre dans la case des forces centrifuges. Des brebis galeuses qui sont légion dans les rangs de nos forces de défense et de sécurité, et dont la nocivité pourrait mettre à l’eau les sacrifices du procureur général, en grippant par ricochet la machine de la transition.

 Vivement que toute cette affaire connaisse un dénouement heureux le plus tôt que possible, pour que les leaders du Fndc recouvrent la liberté.

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