Composées de 115 îles qui parsèment l’océan Indien au large de l’Afrique de l’Est, les Seychelles sont connues comme un haut lieu de la biodiversité mondiale.
Avec 85 % de ses animaux et 45 % de ses espèces végétales considérés comme endémiques, l’archipel est parfois appelé les « Galapagos de l’océan Indien ». Et tant sur terre que dans l’océan, différents groupes s’efforcent de préserver ce paradis écologique.
Cette année, après avoir créé un plan de zonage sophistiqué et mené des conversations approfondies avec des représentants des secteurs du tourisme, de la pêche, du pétrole et de la conservation, le pays insulaire est prêt à mettre pleinement en œuvre l’initiative historique de planification spatiale marine qu’elle a annoncée il y a plusieurs années : protéger 30 % de son territoire océanique.
Protéger les »îles extérieures »
Le tourisme, le changement climatique et d’autres facteurs ont déjà eu un impact considérable sur l’environnement des « îles intérieures », plus peuplées, des Seychelles. Cet accord, qui s’inscrit dans le cadre d’un accord d’annulation de la dette nationale en échange de mesures de conservation, vise désormais à protéger les 72 « îles extérieures » coralliennes de faible altitude, avant qu’il ne soit trop tard.
L’atoll d’Aldabra, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est l’une des îles extérieures que l’initiative contribuera à préserver. Ce rare groupe d’îles de récifs coralliens a bénéficié d’une protection naturelle pendant des années en raison de son éloignement (les visiteurs ont besoin d’un permis spécial pour y accéder et doivent voyager toute une journée pour s’y rendre), mais, comme de nombreuses parties des Seychelles, il reste vulnérable aux dangers du changement climatique.
En 1998, les Seychelles ont perdu 90 % de leurs récifs coralliens lors d’un important épisode de blanchiment des coraux dû à l’augmentation de la température de la mer. Les 13 nouvelles zones de protection marine ont pour but de préserver son territoire océanique.
L’économie des Seychelles repose essentiellement sur le tourisme et la pêche.
Une masse terrestre limitée
Malgré les gains environnementaux que les zones de protection apporteront, l’accord ne manque pas de poser problème. Par exemple, dans ces nouvelles zones protégées – qui couvrent une superficie équivalente à celle de l’Allemagne -, environ la moitié des zones de pêche du pays serait interdite.
Cependant, les Seychelles affirment qu’elles cherchent à combler le fossé entre cette initiative ambitieuse et les besoins immédiats des économies locales en impliquant toutes les parties concernées (les travailleurs de la pêche et du tourisme, entre autres).
« Nous sommes dans un très petit pays. Notre masse terrestre est très limitée, et nous avons besoin de cet espace pour le développement économique », a déclaré Sherin Francis, directrice générale de l’Office du tourisme des Seychelles.
« Pourtant, nous parvenons à trouver cet équilibre et à faire en sorte que 50 % de notre territoire terrestre soit protégé », a-t-elle ajouté.
L’océan n’est pas la seule partie des Seychelles qui est préservée. Sur terre, l’Autorité des parcs nationaux veille sur deux zones principales, le Parc national du Morne Seychellois et le parc national de Praslin, qui abritent tous deux une longue liste d’espèces animales et végétales endémiques.
Le parc du Morne Seychellois, situé sur la plus grande île de Mahé, couvre 20 % de la surface de l’île, fournit de l’eau douce aux habitants et est traversé par des sentiers qui passent devant des ruines historiques datant de l’époque où les colons français et britanniques, les commerçants indiens et chinois passaient par les îles.
Le parc national de Praslin abrite la réserve naturelle de la Vallée de Mai, une forêt de palmiers inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
La désignation officielle des parcs a été établie lorsque les Seychelles ont commencé à se développer en tant que destination touristique, quelques années après la construction du premier aéroport international et l’indépendance de la nation insulaire.
À l’instar des initiatives prises concernant l’espace marin, le statut de parc national visait à protéger la terre tout en créant une infrastructure permettant aux visiteurs d’en profiter en parcourant plus de 15 km de sentiers et en observant ses espèces d’oiseaux et de plantes rares.
Avec tous les yeux rivés sur leurs objectifs de conservation historiques, les Seychelles se préparent à montrer comment une si petite nation peut devenir un exemple pour les nombreux autres pays insulaires confrontés aux effets du changement climatique. Espérons qu’il ne soit pas trop tard.