Ce projet de loi montre que la présidence de la République nous importune jusque dans notre façon de vivre. Notre Président de la République peut tout, sait tout, fait tout. Le Président de la République du Sénégal dispose de pouvoirs exceptionnels. Il soumet les projets de loi constitutionnelle au référendum. Il est le détenteur du pouvoir réglementaire. Il dispose de l’administration. Il est le gardien de la Constitution. Il détermine la politique de la nation. Il préside le Conseil des ministres. Il signe les ordonnances et les décrets. Il nomme aux emplois civils. Il nomme à tous les emplois militaires. Il est responsable de la défense nationale. Il préside le Conseil supérieur de la défense nationale. Il préside le Conseil national de la sécurité. Il est le chef suprême des armées. Il dispose de la force armée. Il accrédite les ambassadeurs. Il a le droit de grâce. Il nomme les membres du gouvernement, fixe leur attribution et met fin à leur fonction. Il serait tentant de penser que, comme les dieux égyptiens, il est omniscient, omniprésent et omnipotent.
En plus de ses attributions constitutionnelles propres, la pratique montre régulièrement une volonté de préempter les autres institutions. Il a la latitude de supprimer la primature, tête de file d’une institution collégiale inscrite dans la Constitution. Pour se faire, il s’appuie sur l’institution de l’Assemblée nationale qui ne montre aucune velléité d’indépendance. L’Assemblée nationale elle-même, se réjouit de pouvoir se délester de ses pouvoirs propres en votant pour le Président des lois d’habilitation. Il a la faculté d’éliminer ou de mettre en place, à chaque fois que le besoin personnel se fait sentir, de nouvelles institutions de la République (Sénat, CRAES, HCCT, etc.). Il règne sur la justice avec une main lourde sur les carrières des magistrats et qui minore leur indépendance.
Autant de pouvoirs, concentrés entre les mains d’une seule personne, ne peut mener qu’à des dérives narcissiques. Le pouvoir sénégalais tourne autour d’un Homme que rien ne peut arrêter. Et cela va de mal en pis. Il nous faut rééquilibrer les pouvoirs et mieux les distribuer. Il faut que nos politiques soient plus inclusives et participatives. Il nous faut revisiter l’institution même du Président de la République, dans ses modalités d’élection et dans l’encadrement de ses pouvoirs. Des réformes profondes sont nécessaires. Elles sont inscrites dans la logique d’une démocratie de concordance.
Ass Abdourahmane DIOUF
Candidat à l’élection présidentielle du 25 Février 2024.