Au camp de réfugiés de Kiryandongo, en Ouganda, une crise silencieuse mais alarmante se joue.
La détérioration de la santé mentale des réfugiés, exacerbée par des conditions de vie difficiles et des traumatismes antérieurs, a conduit à une augmentation préoccupante des suicides. Selon une enquête des Nations unies, entre janvier et octobre 2024, 41 suicides ont été recensés, accompagnés de plus de 130 tentatives.
Les cicatrices invisibles des traumatismes passés
Soumaya Ezeldeen Mahmoud, une réfugiée soudanaise ayant fui les bombardements dans son pays, évoque les séquelles persistantes de son expérience. Ses mots traduisent une souffrance profonde :
« Même dans mon sommeil, je rêve que des bombes pilonnent la ville et cela me réveille en sursaut, tellement j’ai peur… », confie-t-elle, en reproduisant le bruit des bombardements.
Ce témoignage illustre la détresse psychologique que vivent de nombreux réfugiés, souvent confrontés à des souvenirs traumatiques qui perturbent leur quotidien.
Un système d’aide insuffisant face à l’ampleur des besoins
Cliff Alvarico, responsable du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au camp de Kiryandongo, déplore l’insuffisance des ressources en santé mentale disponibles. Malgré l’existence de programmes de soutien psychosocial, les moyens restent dérisoires face aux besoins.
« Nous avons de nouveaux arrivants qui ont vécu des expériences traumatisantes. Certains souffrent même d’un syndrome de stress post-traumatique qui nécessite des soins plus spécifiques », explique-t-il.
L’Ouganda, qui accueille plus de 1,7 million de réfugiés, fait face à des défis humanitaires sans précédent. Les infrastructures médicales locales, déjà sous pression, peinent à répondre aux besoins grandissants en soins psychologiques. Les cas graves peuvent être dirigés vers des hôpitaux spécialisés, mais les coûts prohibitifs les rendent souvent inaccessibles pour la majorité des réfugiés.
Un appel à une mobilisation internationale
Malgré le manque de ressources, des bénévoles dévoués s’efforcent de soutenir les réfugiés. Ils jouent un rôle crucial pour alléger la souffrance, rompre l’isolement et prévenir de nouveaux drames. Cependant, les efforts individuels ne suffisent pas à combler le vide laissé par l’absence d’un soutien institutionnel fort.
Le HCR lance un appel pressant aux gouvernements, au secteur privé et aux donateurs internationaux pour renforcer les financements dédiés aux programmes de santé mentale. Sans une aide substantielle, il sera impossible de mettre en place des dispositifs efficaces pour identifier et aider les personnes vulnérables.