Présidentielle au Nigeria : l’opposition conteste les résultats

L’ancien gouverneur de Lagos, Bola Tinubu, a été déclaré mercredi vainqueur de l’élection présidentielle très disputée au Nigeria, mais la victoire du candidat du parti au pouvoir est contestée par l’opposition.

M. Tinubu, du parti APC (All Progressives Congress), succède au président Muhammadu Buhari, qui démissionnera le 29 mai après deux mandats, comme la loi l’y oblige. Il a appelé ses rivaux à coopérer avec lui. Le Nigeria a une longue histoire de malversations, de fraudes électorales et de violences lors des scrutins.

Les responsables électoraux espéraient que les nouvelles technologies contribueraient à assainir l’élection du 25 février, mais des problèmes techniques et de longs retards dans la publication des résultats ont alimenté les accusations de fraude.

Pourquoi le vote est-il contesté ?

La Commission électorale nationale indépendante (INEC) a introduit l’identification biométrique des électeurs au niveau national ainsi que IReV, une base de données pour télécharger les résultats en temps réel. Mais de nombreux bureaux de vote ont ouvert très tard, entraînant des retards dans l’inscription des électeurs et décourageant certains de voter.

Une fois le vote terminé et les dépouillements manuels effectués, plusieurs membres du personnel électoral ont signalé des difficultés à télécharger les résultats sur l’IReV et certains résultats ont été transmis aux centres de collecte des données électorales, au lieu d’être transmis directement aux bureaux de vote.

Au lendemain de l’élection, seuls les résultats de 35.900 bureaux de vote avaient été téléchargés sur le site internet de l’INEC, soit 20% des 176.000 bureaux.

Dans certains cas, les images téléchargées des résultats étaient très floues, tachées et illisibles. Cela, ajouté à la lenteur du téléchargement et au démarrage tardif du vote, a alimenté les craintes de fraude.

Les deux principaux partis d’opposition, le Parti démocratique du peuple (PDP) et le Parti travailliste, ont qualifié le scrutin de samedi d' »imposture ».

Que disent les observateurs ?

Des observateurs locaux et étrangers ont déclaré que le vote s’était déroulé dans le calme.

Ils ont cependant relevé que les bureaux de vote avaient ouvert très tard et que des problèmes techniques avaient perturbé le téléchargement des décomptes vers un site internet centralisant les résultats.

« L’INEC a manqué d’une planification efficace et de transparence pendant les étapes critiques du processus électoral », a déclaré une mission de l’UE. Elle a aussi fait état de « conditions chaotiques, désordonnées et tendues dans des centres de collecte des résultats généralement surpeuplés ».

Le groupe d’observateurs IRI-NDI basé aux États-Unis a noté que la combinaison de tous ces problèmes « a privé les électeurs nigérians de leurs droits dans de nombreuses régions du pays ».

« Les Nigérians avaient besoin que les élections se déroulent librement et équitablement pour renforcer la confiance dans leur nouveau dirigeant et dans l’indépendance des institutions du pays. Ces élections n’y sont pas parvenues », a tranché un diplomate interrogé par l’AFP à Abuja .

Que dit la loi?

En vertu de la loi électorale de 2022, instaurée pour mieux tendre vers des élections libres, équitables, crédibles et transparentes au Nigéria, les résultats devaient être transmis au portail informatique de l’INEC immédiatement après la collecte manuelle des votes dans chaque bureau de vote.

Mais samedi, les présidents de différents bureaux de vote et même plus tard des centres de collecte locaux ont déclaré ne pas pouvoir transmettre les résultats par le biais du Système bimodal d’accréditation des électeurs (BVAS), équipement délivré aux agents à cet effet.

De nombreux Nigérians s’attendaient à suivre la publication progressive des résultats en ligne, mais le portail a été très lent à se mettre à jour.

Cette lenteur a semé la confusion et la colère, bien que la loi n’exige pas que les résultats électroniques soient publiés avant la proclamation des résultats officiels.

Que disent les dirigeants ?

Le candidat du Parti travailliste à la vice-présidence, Yusuf Datti Baba-Ahmed, a déclaré qu’il était déterminé à lutter par tous les moyens légaux et pacifiques contre le résultat de l’élection, qui, selon lui, était en « violation manifeste » des règles de l’INEC.

Le président sortant Muhammadu Buhari a exhorté mercredi les partis d’opposition à rechercher des moyens pacifiques de répondre à leurs griefs, tels que le recours aux tribunaux.

« Cela ne veut pas dire que l’exercice était sans faute », a déclaré M. Buhari sur Twitter. « Par exemple, il y a eu des problèmes techniques avec la transmission électronique des résultats. Bien sûr, il y aura des domaines qui devront être améliorés pour apporter plus de transparence et de crédibilité à la procédure de vote ».

Les candidats qui veulent contester l’élection disposent de 21 jours suivant la proclamation des résultats pour saisir les tribunaux.

M. Tinubu a appelé les partis d’opposition à accepter les résultats et à travailler avec l’APC.

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