Energies propres : L’Afrique du Nord pourrait devenir un partenaire important de l’UE

Le Conseil européen des relations internationales (ECFR) estime que les pays d’Afrique du Nord, dont le Maroc, peuvent devenir des partenaires importants dans la transition énergétique de l’Europe, « si l’Union Européenne prend les bonnes mesures dans les années à venir« .

Dans un Policy Brief récemment publié, le Think Tank européen affirme que l’Afrique du Nord dispose d’un énorme potentiel d’énergies renouvelables, en particulier au niveau de l’énergie solaire et éolienne, dont le surplus pourrait être facilement exporté vers l’Europe. L’ECFR note que l’électricité propre d’Afrique du Nord serait une option importante à moyen terme pour aider à diversifier le mix énergétique de l’Europe et réduire la dépendance aux combustibles fossiles importés à long terme.

Selon Laura El-Katiri, Chercheuse et auteure du document, l’Afrique du Nord est une région prometteuse pour la production future d’hydrogène vert, « une source d’énergie susceptible d’être essentielle pour que l’UE atteigne ses objectifs climatiques dans les secteurs difficiles à décarboner« . Elle souligne que ces pays abritent également des matières premières critiques nécessaires à la transition énergétique, offrant à l’UE la possibilité de diversifier davantage ses chaînes d’approvisionnement pour les technologies énergétiques propres.

L’auteure insiste notamment sur le fait que « la main-d’œuvre jeune et instruite de l’Afrique du Nord offre également à l’UE non seulement une main-d’œuvre potentielle pour la fabrication de technologies plus proche de chez elle que les marchés asiatiques, mais aussi les compétences nécessaires à une coopération significative dans des domaines tels que la recherche et le développement (R&D)« .

Concernant l’énergie verte et ses chaînes de valeur connexes en ligne avec les priorités politiques de certains gouvernements nord-africains, El-Katiri met en avant le cas du Maroc, un « importateur net d’énergie », visant à acquérir une position internationale grâce à son leadership « vert ». Elle évoque les dernières négociations du Royaume avec les fabricants européens de batteries de véhicules électriques pour installer une usine, afin d’intégrer sa production de cobalt à une stratégie existante de développement de son secteur automobile. « De telles formes de coopération pourraient donner des résultats positifs pour les deux parties« , ajoute la chercheuse.

Ainsi, elle signale que les partenaires les plus probables pour les Européens à court terme seront le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, « bien que les décideurs politiques européens devraient également reconnaître la possibilité d’une coopération avec l’Égypte« .

En outre, la chercheuse rappelle les accords signés avec le Maroc, dont l’accord pour le développement d’un projet d’ammoniac et d’hydrogène vert, HEVO Ammoniac Maroc, entre le ministère de l’Energie, Fusion Fuel Green, et Fusion Fuel and Consolidated Contractors Group, signé en juillet 2020, avec un objectif de production d’ammoniac vert s’élevant à 3.650 tonnes en 2022, 60.000 tonnes en 2025 et 2026, d’hydrogène atteignant 616 tonnes en 2022, 3.472 tonnes en 2023 et 10.411 tonnes en 2025 et 2026, avec un investissement total de 865 millions d’euros.

En plus de l’accord de partenariat sur l’hydrogène vert entre les gouvernements marocain et allemand signé en juin 2020 se caractérisant par l’installation d’une centrale d’énergie renouvelable de 100 mégawatts pour produire de l’hydrogène vert au Maroc. El-Katiri n’a pas oublié non plus de mentionner que l’Agence marocaine de l’énergie solaire Masen prévoit de développer une centrale hybride photovoltaïque/éolienne pour alimenter une centrale à hydrogène vert, avec une capacité d’électrolyse de 100 MW.

Le Policy Brief a également fait savoir que certaines matières premières sont présentes en Afrique du Nord, en particulier les phosphates au Maroc, notant que le Royaume était le deuxième producteur mondial de phosphates en 2020 et détient environ 75% des réserves mondiales. Le Maroc était aussi le troisième producteur mondiale de barytes en 2020, un minéral principalement utilisé dans les fluides de forage, mais aussi dans les peintures spécialisées, le béton et la médecine, représentant 15% des approvisionnements de l’Europe.

Côté financement, El-Katiri poursuit que des pays comme le Maroc, l’Égypte, l’Algérie et la Tunisie ont subordonné bon nombre de leurs réductions d’émissions et de leurs plans d’énergie renouvelable dans le cadre de leurs contributions déterminées au niveau national à la disponibilité d’un financement suffisant.

Elle recommande en ce sens à ce que ces pays, y compris ceux de l’UE, adoptent une une approche fondée sur les droits assurant l’emplois et le renforcement des capacités, la facilitation des échanges, les partenariats, la régulation du marché, pour faire du pacte vert un mécanisme politique crédible capable d’actions concrètes. « L’UE et les États d’Afrique du Nord devraient donc mettre en place un forum pour la communication bidirectionnelle, le partage d’informations et la mise en œuvre« , souligne l’auteure.

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