« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et
avec les couleurs de la justice », Montesquieu Finalement affaire privée ou affaire d’état ?
Quoiqu’il en soit c’est devenu politique, très politique d’ailleurs si toutefois cet attribut ne lui avait pas été donné d’emblée. Ce peuple ne demande que la paix. Rien d’autre si ce n’est qu’une dose de justice sociale qu’on y rajoute. En parlant de paix, Spinosa la définissait comme n’étant pas l’absence de guerre, mais plutôt une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice.
Il est tout à fait normal dans un état qui se respecte et qui se dit de droit, qu’il faille impérativement imposer une séparation des pouvoirs pour que le commandant en chef puisse se dédouaner de toute accusation d’ingérence dans les affaires judiciaires. Pourtant lui, Macky SALL himself, l’avait proposé mais il était alors candidat donc pas encore chef de l’état. Une fois au pouvoir il aurait juste fallu qu’il changeât la donne pour se retrouver sur les bonnes pages des annales de ce pays. Il est tout à fait difficile de croire à la non-immixtion du Président de la République dans les affaires judiciaires. Son discours de fin d’année le prouve mais surtout l’autorité hiérarchique qu’il a sur la justice de manière indirecte (conseil supérieur de la magistrature, ministre de la justice…).
L’assemblée nationale qui doit être le contre-pouvoir dans tout état de droit, est le pouvoir le plus faible de notre organigramme car étant celui qui s’occupe de faire légaliser et légitimer certaines procédures pourtant considérées comme un coup d’état institutionnel. L’assemblée étant un pouvoir à part entière, entièrement à part sinon, n’a aucunement le devoir de se soumettre à une requête émanant d’un quelconque magistrat fut il le procureur général qui incarne un autre pouvoir souverain au même titre que ladite assemblée. Pourquoi alors s’empresser de lever une immunité sur commande ? Cette assemblée a le devoir et le pouvoir de faire convoquer un de ses membres et de l’entendre elle-même voire rejeter la demande du magistrat parce que ne disposant pas assez d’éléments pour procéder à la levée de l’immunité. Hélas, ce pouvoir a montré depuis les
indépendances qu’elle était le maillon faible des institutions. 1962, Mamadou Dia affaibli par cette assemblée puis emprisonné sur décision de justice.
Dans les années 90, Wade et Ousmane Ngom humiliés à maintes reprises par cette même assemblée dont Abdouahim Agne qui portait des propos honteux à leur égard. Au début des années 2000 Macky Sall aura connu la faiblesse de cette assemblée alors président de la chambre et trahi par ses confrères de parti qui vont le destituer en ramenant son mandat à 1 an pour le chasser par la suite juste parce qu’il a convoqué le prince d’alors. C’est le début d’une longue série de promesses dont beaucoup ne seront pas tenues comme la restauration de la durée du mandat du président de l’assemblée nationale qu’il utilisera pour tenir d’un bras de fer Moustapha. Également il avait promis de modifier le style de scrutin de l’assemblée qu’il trouvait injuste et qui est toujours en vigueur.
Khalifa SALL aura aussi eu à connaitre cette faiblesse de l’assemblée, pourtant député et jouissant d’une immunité, il restera en prison jusqu’à la levée de ladite immunité. Quelle tragédie ! le bon sens ne saurait jamais expliquer la raison de ce feuilleton judiciaire.
Au tour de Sonko Ousmane de vivre la même chose que ceux cités plus haut. Une assemblée qui a levé son immunité sur demande de la justice et pourtant le dossier n’était pas si étoffé pour mériter pareille procédure si ce n’est qu’une accusation. Il lui appartenait de le convoquer et de l’entendre comme ça se fait dans tous les pays qui se respectent. On a vu en France des ministres se faire
convoquer au sénat pour être interrogés ; idem outre atlantique, le directeur du FBI James COMEY se faire entendre par le congrès américain et les exemples ne manquent pas… Macky SALL a déçu non pas pour cette « affaire SONKO/Adji dont nous nous abstiendrons de commenter une affaire pendante, mais parce qu’il a subi cette injustice et devait être la personne la mieux indiquée pour faire le ménage et remettre de l’ordre dans toute l’administration. Le juge Dème a démissionné
d’une magistrature qui a déjà démissionné. M. Téliko (magistrat et président du conseil supérieur de la magistrature) demande l’indépendance de la justice. Un pouvoir judiciaire trop controversé de nos jours notamment son rapprochement avec le pouvoir exécutif au point de donner l’image d’être son bras armé selon beaucoup de chroniqueurs en raison de tous les procès politico-judiciaires des
dix dernières années selon que le mis en cause appartienne à la majorité ou pas. Peut on demander à SONKO d’être raisonnable ?
D’ailleurs un célèbre criminel du nom de Jacques MESRINES disait qu’« on ne peut pas demander à un homme d’être raisonnable quand justement la justice et le gouvernement ne le sont pas ».
Finalement qui pour arrêter un exécutif dans l’excès ? « Si la justice existe, son lieu de prédilection n’est pas sur Terre », Pierre JOSSET
B NDIOUR SOUFY