Affaire Aliou Sall-BBC : Entretien exclusif avec Mohamed Dia, expert financier basé aux États-unis

Afroactu s’est entretenu avec Monsieur Mohamed Dia, banquier de formation, spécialiste du Dmanagement du risque et de l’immobilier. 

Il fût responsable du portfolio immobilier à JP Morgan Chase Bank durant la crise financière de 2008 et gère présentement un cabinet de consultance chargé d’aider les petites et moyennes banques au Sénégal et aux Etats-Unis et aussi les start-ups au Sénégal. Dans cet entretien accordé à Afroactu.com, Mohamed Dia nous parle de « l’affaire Petrotim / Aliou Sall », de la communication du gouvernement dans cette affaire mais aussi de la démission de Aliou Sall à la tête de la CDC.

Avez-vous déjà travaillé avec des entreprises pétrolières ou gazières ?

Indirectement, oui. Pendant que je travaillais encore pour une banque aux Etats-Unis, nous avions eu à conseiller des entreprises gazières et pétrolières en Fusions et Acquisitions pour évaluer le potentiel de fusion ou d’autres types de rapprochements grâce à des due diligence et aussi lors des fusions ou acquisitions et même post-fusions. Nous étions aussi en charge du conseil sur l’approche pour optimiser les placements et les décaissements pour minimiser l’impôt à payer. Nous mettions aussi en place les différentes stratégies pour optimiser la situation financière en évitant au plus le paiement des impôts dans les différentes juridictions.

Pourquoi êtes-vous autant intéressé par ce dossier ‘’Aliou Sall-Pétrotim’’?

Je suis très intéressé par ce dossier, car le peuple sénégalais y est intéressé. C’est mon devoir d’aider à éclaircir ce dossier pour l’intérêt général du Sénégal et de ses générations futures.

Pouvez-vous nous parler de Frank Timis et de Timis Corporation ?

Frank Timis est un homme d’affaire roumano-australien qui est connu dans les projets miniers et pétroliers. Timis Corporation, par l’intermédiaire de ses filiales, exerce ses activités dans les secteurs des mines, du pétrole et du gaz, ce qui explique sa présence un peu partout dans le monde. La société est basée à Londres, au Royaume-Uni. C’est par le biais de Samuel Sarr et Pierre Goudiaby Atepa qu’il a rencontré le président Wade. Après plusieurs négociations, ils signent le contrat de Recherches et de Production, des blocs de Sénégal Offshore Sud Profond et Rufisque Offshore Profond au profit de sa société. Il ne faut pas limiter l’homme d’affaires au blocs du Sénégal, il est plus grand que cela.

Lors d’une émission à la radio, vous aviez dit clairement qu’Aliou Sall n’était pas le seul à être mouillé dans cette affaire ; n’êtes-vous pas en train de confirmer la BBC ?

Je confirme la BBC à 100 % dans ses investigations. La faute commise par Frank Timis a été de s’embrouiller avec son gestionnaire de patrimoine. C’est pourquoi il faut toujours former et y mettre la personne qui ne va jamais vous trahir. Une fois que cette embrouille a pris place, nous avons commencé à constater des fuites de documents de Timis Corporation. Le système financier n’est pas un système parfait, car il a été créé par des hommes, donc il est facile de tracer des transferts d’argent partout dans le globe derrière son ordinateur.

Quel rôle Aliou Sall a-t- il joué dans cette affaire ?

Il a été utilisé comme courtier pour faciliter la signature du décret d’approbation, et du renouvellement des licences.

Pourquoi l’Etat du Sénégal ne s’est pas substitué à Timis Corporation pour bénéficier des redevances ?

C’est exactement la question que je pose au président Macky Sall, pour qu’il puisse édifier les Sénégalais sur cela. Pourquoi pas l’Etat du Sénégal Monsieur le président ? Même si le président comme il le dit, n’a pas reçu le rapport de l’IGE, ne devrait-il pas demander à l’avoir avant le renouvellement des licences en 2013 ? Il faut que cette affaire soit tirée au clair pour la stabilité économique du Sénégal.

Qu’est ce qui lie Kosmos à BP dans cette affaire ?

BP a signé un accord avec Kosmos Energy en vue d’acquérir une participation directe de 62%, y compris un contrat d’exploitation, des blocs d’exploration de Kosmos en Mauritanie, ainsi qu’une participation directe effective de 32,49% dans les blocs d’exploration de Kosmos au Sénégal, une zone ou du gaz en eaux profondes a été découvert à cheval entre les eaux des deux pays. Selon les termes des accords, il est convenu que Kosmos resterait l’opérateur technique pour la phase d’exploration du projet et forerait trois nouveaux puits d’exploration à partir de 2017. Les entreprises pétrolières le font souvent, car c’est très risqué et couteux pour une entreprise d’y aller seule. C’est une bonne stratégie pour se partager les coûts du projet.

Suite à la sortie du procureur de la république, pensez-vous que la justice sénégalaise ira jusqu’au bout ?

La justice sénégalaise n’ira pas au bout de cette affaire, car cela risquerait de fragiliser l’Etat. Il est très dangereux que nos institutions soient fragilisées en ce moment. C’est le moment où il faut faire très attention, vu que tous les pays veulent de notre pétrole et de notre gaz. Les antécédents judiciaires montrent que la justice est partisane, donc il ne faut même pas s’attendre à ce que cette affaire soit tirée au clair par la justice sénégalaise.

Si les allégations de la BBC sont avérées, que risque le Sénégal au plan international ? au cas contraire, quelles peuvent être les conséquences pour la BBC ?

Le Sénégal est un pays souverain, aucun pays ne peut intervenir de manière directe dans nos affaires, cependant le risque est de perdre nos partenaires économiques et financiers. Quand il y a vent de corruption dans l’air, cela est une preuve que la justice ne fait pas son travail comme il le faut, donc les investisseurs ont tendance à faire très attention à ces genres de pays. Pour que la BBC puisse payer, il faut que le Sénégal l’amène en justice, et je ne suis pas au courant de quelconque poursuite contre BBC.

Que pensez-vous de la communication de l’Etat ?

Trop de communication tue la communication. Alors que jusque-là tout pouvait être maitrisé, on voit d’abord la sortie maladroite du président, ensuite c’est  au tour de la porte-parole du gouvernement, puis de Aliou Sall et aussi de Hamidou Kassé. Ce qui est grave, est que ces sorties ont pris place après s’être concertés avec les conseillers en communication. Cela montre l’amateurisme de nos dirigeants, mais quoiqu’il en soit, l’image du président de la République et de son gouvernement est déjà ternie.

Comment analysez-vous la démission de Aliou Sall à la tête de la CDC ?

Vous savez bien que la victimisation a toujours marché au Sénégal, les Sénégalais sont très émotionnels et il a essayé de jouer sur cela. J’aurai préféré quand même que le président le démette au lieu qu’il ne démissionne, car cela aurait renforcé le pouvoir du président de la République. C’est sûr qu’il pourra amadouer certains mais le Sénégal est un pays de droit. Ce qu’il faut se demander, c’est, est ce que cette comédie était nécessaire dans ce dossier où il y a beaucoup de preuves prouvant des anomalies ?

Entretien réalisé par Djibril Boye pour AFROACTU.COM

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